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9 avril 2021

Jeunesse délinquante (Violent Playground) (1958) de Basil Dearden

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Encore une œuvre solide de l'ami Dearden : un fond social comme on les aime, un casting de choix, une histoire rondement menée (ces petits mouvements de caméra sur des personnages en mouvement et ce montage définitivement tonique permettent de donner du rythme même aux scènes d'intérieur les plus rébarbatives), Dearden qui prend plaisir à nous balader dans des lieux toujours aussi divers quoique banalement quotidiens (école, barre d'HLM, église, commissariat...) réussit une nouvelle fois à nous tenir en haleine devant ce destin gâché d'un gamin en détresse. C'est l'ami Stanley Baker et son regard torve qui mène le train : récemment muté comme officier de liaison auprès de la délinquance juvénile, notre homme a peur de ronger son frein ("Putain, des gamins... D'autant que j'ai aucun feeling avec eux... Pourquoi, moi, hein, inspecteur méritant ?") ; il ne tarde pas à tomber sur deux gamins (des jumeaux, un garçon et une fille hauts comme trois apples) qui vivent de petits larcins. Il remonte le fil et à défaut de remonter jusqu'aux parents (toujours absents), il fait la connaissance du grand frère sur la tangente (tout jeunot David McCallum) et de sa grande-sœur au caractère bien trempée (la jolie Anne Heywood). Baker est vite emmerdé aux entournures : s'il flashe sur la sœur, il soupçonne le frère d'être à l'origine d'incendies qui ne cessent de consumer cette bonne ville de Liverpool. Coffrer le frère ferait forcément bondir la donzelle... Tout en s'occupant des jumeaux qu'il remet sur le chemin de l'école, il continue de surveiller le gamin en attendant que ce dernier soit pris sur le fait... Le David passera bien à l'action et partira immédiatement en live : il prend en otage toute une classe de gamins et,, vu sa colère les parents feraient mieux de faire tout de suite une croix sur leur progéniture... 

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On est dans l'enquête sociale, sur un thème finalement pas si courant, et Dearden se révèle assez doué dans le genre : sillonnant les quartiers paumés de Liverpool, sillonnant la ville, mettant en scène les principaux acteurs de terrains (officiers, hommes d'église, directeurs d'école, profs...), son récit ne tarde pas à gagner en réalisme sans être aussi plombé et plombant que chez certains futurs cinéastes anglais... Baker est tout à son taff sans pouvoir se sortir de la tête cette jeune femme (Cathie) : plus les preuves contre le gars David s'accumulent, plus le pauvre Baker a du mal à assurer ses relations avec cette Cathie. Il tergiverse, fait remonter l'info qu'il a sur l'implication éventuelle de David dans les incendies mais se voit malgré tout pris de vitesse par ce chien fou à la crinière blonde. Toute la dernière partie du film (une bonne demi-heure) est consacrée à cette prise d'otage avec aux manettes un type a priori guère contrôlable : le prêtre, les flics, les parents d'élèves puis enfin sa sœur tenteront de faire entendre raison à ce gamin qui n'a pas su être canalisé à temps... Ça sent le drame, voire le tragique, à plein nez et les yeux de Baker ne savent plus à quel saint se vouait : il faudrait un miracle pour que le David sorte totalement indemne de cette histoire et pour que Baker regagne, par la bande, la confiance de Cathie. Du social, une pointe de romance, de l'action, un filmage particulièrement dynamique dans ce Liverpool qui sert de toile de fond à cette histoire, Dearden réussit encore son coup : sans misérabilisme, sans facilités (une romance qui résiste tant et plus ; des gamins qui ne sont pas à l'abri de se prendre du plomb dans les fesses), sans gnangnanteries (Baker n'aime pas les gamins ; il fait simplement son taff), on croit à cette petite histoire mouvementée des gens d'en bas. A l'aise Basil. 

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