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4 novembre 2017

LIVRE : L'Air de Rien (The Nothing) d'Hanif Kureishi - 2017

9782267030358,0-4257684Voilà bien longtemps que je n'avais pas ouvert un livre de Kureishi, depuis mes lectures énamourées du Bouddha de Banlieue et de Intimité pour être précis. Un petit tour donc dans l'univers si personnel de cet écrivain discret, avec cet opus 2017, qui relate les remarques acerbes et cyniques d'un vieux cinéaste paralytique, coincé dans son fauteuil roulant, et qui observe les faits et gestes tout d'ambiguités de sa femme. Est-elle une dangereuse manipulatrice, ayant trouvé comme complice un vague parasite dont elle se sert autant comme amant que comme escroc ? Ou tout ça n'est-il que dans la tête du héros, et ne traverse-t-elle qu'une période de dépression qu'elle passe entre les bras de cet amant ? Dans un roman très dialogué, très dynamique, Kureishi dresse le portrait caustique d'une folie en marche, d'une obsession... ou, qui sait, d'une sombre machination. Le choix d'un cinéaste comme protagoniste de cette fixation fantasmatique est judicieux : il y a du Fenêtre sur Cour dans cette auto-persuasion progressive : le scénario envisagé par le héros se fait de plus en plus précis, et prend peu à peu une forme concrète. Pour confondre son épouse, il enregistre les sons, attrape quelques images ça et là, et va même jusqu'à se faire assister par une de ses anciennes actrices, en une sorte de mise en scène de sa vie. Tout ce qu'il perçoit n'est après tout peut-être pas vrai du tout, mais le lent édifice mental qu'il met en place, écoutant chaque bruit et l'interprétant, est un vrai travail de metteur en scène.

Un beau sujet, donc, abordé frontalement, celui d'un ancien réalisateur qui ne trouve pour tromper son ennui que sa propre misérable vie à mettre en scène en fin de carrière. Malheureusement, la chose est un peu gâchée par un certain laisser-aller au niveau de l'écriture qui s'apparente à du bâclage. Passons sur la trivialité des dialogues, parfois vulgaires, parfois bêtement sexuels, pas très fins pour tout dire. Mais il y a dans la rapidité d'exécution de la chose, dans ce côté dilettante, un laisser-aller qui étonne de la part d'un auteur d'ordinaire aussi précis, aussi posé. C'est trop court (200 pages environ) pour être autre chose qu'une récréation, là où ça pouvait devenir un magnifique puzzle mental, une variation sur l'obsession d'un vieil homme pour la mise en scène. C'est vrai qu'on se marre bien, que le mauvais goût assumé des dialogues fait son petit effet à plusieurs endroits, et qu'on sent qu'il y avait derrière tout ça un projet beaucoup plus intéressant que le simple "polar" qu'il est devenu. Mais je vais rester sur Intimité pour me convaindre du grand talent de Kureishi.

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