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4 juillet 2013

LIVRE : Vers chez les Blancs de Philippe Djian - 2000

9782070754625Attention, Djian fait son Henry Miller. On se disait bien aussi qu'après quelques livres de genre (polar, road movie sentimental, roman post-apocalyptique), il fallait bien qu'il explore ce genre américain par excellence : le livre de fesses. Il marche sur des oeufs, si on peut dire, le sait et le rappelle tout au long du livre : l'exercice s'apparente à de la corde raide, et beaucoup s'y sont cassé les dents.

Ce roman tombe malheureusement dans la pire période de Djian. Même fan du gars, comment apprécier des machins aussi laborieux que Criminels, Ca c'est un baiser ou ce Vers chez les Blancs ? En pleine crise de doute, l'écriture djiannesque à cette époque-là est appliquée, poseuse, étriquée dans ses volontés d'acrobatie, enfermé dans une recherche désespérée du Style à tout prix, prise en flagrant délit de faisage absolument impossible. Du coup, ce bazar est à peu près illisible : toutes les phrases, toutes, sont asservies à cette volonté de "faire style", et jamais la sincérité ou la simplicité ne sont convoquées là-dedans. Le livre est fabriqué, muséifié dans une langue artificielle, qu'on dirait mal traduite de l'anglais. On pèse la sueur que le pauvre gars a mis là-dedans, on la sent à chaque page. Ca empêche tout, de croire aux personnages, aux dialogues ou aux situations ; de se laisser aller à la lecture saine et simple ; de respirer. Dix fois trop long, ampoulé comme si Djian inventait une nouvelle langue XVIIIème, de celle qui faisait les beaux jours des marquis de salon brillants et superficiels, finalement scolaire, attendu dans tous ses effets de style (qui se repèrent dès le départ : multiplication des phrases interrogatives, désuétude terriblement fashion du vocabulaire, jonglage insensé avec les figures grammaticales ou les tournures alambiquées mélangé avec une sémantique super contemporaine (Madonna, mais au subjonctif)), le roman tombe des mains, d'autant que les personnages sont aussi crédibles et attachants que dans un théâtre d'ombres.

Restent les scènes de cul, qui, il faut le reconnaître et malgré leur absence de simplicité, sont assez bien troussées. Le gars balance ses fantasmes frontalement, avec cette petite touche d'humour qui fait du bien, en variant d'une scène à l'autre les façons de faire, les angles. On n'y croit pas une seconde, c'est du sport olympique, les gens discutent très sérieusement en s'emmenchant à qui mieux mieux, mais le fait est que c'est assez drôle. Ca vire souvent au pur catalogue des mille et une façons de se turluter, mais c'est dynamique et fun. L'humour déborde parfois sur le reste du roman, qui à part ça mériterait d'être purement et silmplement coupé pour ne garder que ces scènes porno amusantes et un peu mieux travaillées. Vers chez les Blancs aurait mérité d'être une nouvelle érotique ; c'est un roman de 400 pages : au secours !

Commentaires
N
Très bien ton blog ! bravo pour ton article très intéressant.
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G
Ah ? Euh merci, Benjamin, mais en l'occurrence, la photo de cet article, c'est la couverture de Gallimard, pas de mérite.
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B
Les photos de ton blog sont très jolies
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F
Mais qui dit que Djian veut rivaliser avec Miller dans ce livre? Faudra que je relise ça, j'étais bien jeune alors et je pardonnais peut-être tout à Djian...
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G
Tout à fait tout à fait, on rigole et c'est déjà ça. Mais pas suffisant, pour moi, pour se rapprocher même un peu du grand Miller, sur lequel Djian lorgne amoureusement, ni même pour prendre un plaisir total à la chose. Il aurait dû n'écrire que les scènes de cul, qui sont marrantes et exubérantes effectivement. Tout le reste est consternant, et dans la psychologie des personnages (m'étonne que les féministes n'aient pas jeté le livre au bûcher, la vision des femmes est antique !) et surtout dans l'écriture, d'une lourdeur incroyable. <br /> <br /> J'ai relu Vers chez les Blancs parce que j'ai entendu Djian dire que c'était un de ses livres préférés... ce qui prouve que l'auteur n'est pas le mieux placé pour juger de son oeuvre.
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