Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
8 mars 2024

LIVRE : Philippe Djian, l'incendiaire – entretien avec Nicolas Bézard – 2024

En attendant (mollement, il faut bien le dire) la nouvelle parution djiannesque annuelle qui sort ces jours-ci, les curieux et les fans jetteront un œil sur cet objet un peu inutile et bancal qu'est Philippe Djian, l'incendiaire. Une longue interview très parcellaire qui tente une nouvelle fois, comme pas mal d'auteurs l'ont fait, de creuser les mystères de cet écrivain mythique, puis moins mythique, puis un peu oublié, qui fut en son temps le maître incontesté de l'écriture « rock » à la française (appellation qu'il réfute), mais qui est devenu aujourd'hui un grand-père un peu paresseux obnubilé par le thème de la famille. Bézard est un fan, plutôt de la dernière période de la production du sieur, et a préparé sa série de questions, auxquelles Djian, pour une fois, répond sans trop de mauvaise humeur (sauf quand l'autre tente de lui coller des étiquettes toutes faites ou de critiquer un ou deux de ses défauts). Il revient notamment longuement sur l'écriture elle-même, ce qui donne quand même toujours de très belles pages sur la musicalité des phrases, sur l'épure, sur cette constante attention que l'auteur met sur le mot exact, la phrase juste, même si celle-ci ne veut pas dire grand chose dans le roman (l'anecdote sur le titre Vers chez les Blancs en est un bel exemple). Il est question aussi dans ce livre du rôle de l'écrivain dans la société, de Stephan Eicher, de la météo dans les romans récents, de la musique, du sexe, de Jean-Jacques Beineix, des écrivains vénérés, des droits d'auteur, d'une suite à Ardoise, des villes d'adoption de Djian, bref : Bézard fait gentiment le tour de pas mal de thèmes qui traversent l’œuvre du gars.

Le souci étant que le livre étant épais comme un sandwich SNCF, il se contente bien souvent de la surface. Peut-être trop impressionné par son idole, Bézard ne creuse jamais ses questionnements. Tout passe trop vite, des pans entiers de la vie de l'auteur sont oubliés, tout arrive en rafales dans un joyeux bordel, si bien qu'on a l'impression de rester à la superficie de tout, et d'avoir affaire à une caricature de ce qu'on imagine de Djian plutôt qu'à un livre qui nous en apprendrait vraiment sur ses créations. On ne sait trop comment s'est déroulée cette interview, mais on a l'impression d'un truc beaucoup trop décousu pour avoir été vraiment réfléchi en amont ou vraiment effectué dans une intimité avec l'écrivain. Pas déplaisant, non, bien sûr, puisqu'on passe quand même le temps agréablement avec cet auteur culte, visiblement toujours aussi concerné par le style ; mais déçu aussi par ce texte qui aurait eu plus sa place dans un magazine qu'en livre ; il n'est pas assez fouillé pour mériter l'édition, on n'apprend rien du tout qu'on ne sache déjà, et le Djian vieillissant, reconnaissons-le, est moins intéressant que celui qu'on a aimé (son rapport au fric a toujours posé problème, mais il y revient ici de façon assez déplaisante, par exemple). Pas passionnant, donc.

Commentaires
Derniers commentaires