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11 août 2023

LIVRE : Lorsque Lou de Philippe Djian - 1991

e7627a57ca532b3247646d76d7e45ba92fd995ffac58b416d2bb145f413b33f6Djian surprend à l'orée des années 90 avec ce court roman peu dans sa manière, qui nous envoie à l'autre bout du monde là où le gars aimait parler de héros bien proches de nous. Nous voici donc dans une inhospitalière ville du Canada ensevelie sous les glaces, où le narrateur, un peintre français à succès, s'est retrouvé après avoir rencontré Sarah, femme djianesque s'il en est (chiante, belle, moyennement fidèle et pas forcément maline). Cible du clan des frères Conroy, qui lui pètent souvent la gueule, et de la méfiance des locaux, tourmenté par sa femme qui refuse le divorce et par le passé de Sarah, notre homme se retrouve au sein d'une brigade de surveillance des ours, à l'heure où l'hiver commence à pousser ces bestiaux à envahir la ville de façon un peu trop pressante. Malgré le dépaysement, on reconnaît la "philosophie" du gars à chaque ligne de Lorsque Lou. Mélange de masochisme, de zen et de rock'n roll, cet homme qui s'est effacé de la vie et de la célébrité est devenu un homme à tout faire très exploitable et content d'être exploité, du moment qu'il peut contempler la neige tomber, avoir les fesses de la femme qu'il aime sous la main et prendre l'air de temps en temps. Moins généreux en petites phrases de vieux sage, Djian semble passer avec ce roman à l'âge adulte ; pas de sexe là-dedans, pas de leçons de vie de petit malin, beaucoup plus d'attention à la nature (hostile) qui l'entoure, une façon de traiter ça façon tranche de vie, sans vraie dramaturgie, on est assez surpris. Avant d'être charmé, comme toujours, par ce texte à part dans l’œuvre attachante du gars (en tout cas dans sa période 1981-1995). Ce déplacement géographique lui permet de jouer avec la vraisemblance sans risque de nous faire tiquer : sa ville canadienne, avec sa faune de cow-boys mal dégrossis, de flics vieillissants et de milices dangereuses, semble largement fantasmée, tout comme son bazar sur les ours, et la mythologie du peintre maudit Une façon de s'amuser avec les clichés qui annonce ses expériences futures (et moins réussies) de Doggy Bag ou de Oh. Toujours armé d'un solide humour, toujours blasé et fataliste (jusqu'à apprécier les bonnes dérouillées régulières de Lou), toujours aussi cool dans la musique de ses phrases (qu'il savait trousser en maître à cette époque), Djian nous offre une parenthèse délicieuse, dans ce joli livre malheureusement gâché par les illustrations franchement moches et peu inspirées de Miles Hyman (quelle idée, aussi, de vouloir illustrer un texte pareil...)

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