Romance inachevée (The Glenn Miller Story) (1954) d'Anthony Mann
Difficile de vraiment reconnaître la patte d’un Anthony Mann dans cette « music love story » d’une gentillesse terrible : d’un côté l’éternel grand enfant James Stewart qui semble tout droit sorti d’un film de Capra, de l’autre la chtite June Allyson qui a « honnêtement » du chien avec son joli petit minois et sa voix suavement cassée. Une évidente alchimie lie les deux acteurs ce qui donne forcément du charme à cette histoire délicieusement romanesque. Il s’agit donc comme vous l’aurez aisément deviné si vous n’êtes pas aveugle de l’histoire de Glenn Miller, le célèbre compositeur dont vous connaissez forcément par cœur certains airs (Moonlight serenade, in the Mood… ) si vous n’êtes pas sourd. Glenn est un gars qui va d’abord aller de petits contrats de misère en petits contrats de rien de tout devant se résoudre bien souvent à mettre son trombone au clou… Il est loin d’être encore sur le chemin de la réussite quand il décide de se marier soudainement à son amie de fac, June, une June qui va l’aider à créer son propre groupe et d’une certaine façon à trouver son son (du bois… ou véronique… excusez les mauvais calembours…). Quand le Glenn aligne cinq saxo et une clarinette suite à un accident de parcours (le trompettiste s’est bêtement fendu la lèvre en mangeant accidentellement son instrument), tout d’un coup la sauce musicale prend et le Glenn Miller’s band d’enchaîner les cartons.
Le film baigne forcément dans la musique avec au générique quelques grands noms (de Louis Armstrong au batteur Gene Krupa). A tel point d’ailleurs que toute la dernière partie du film (quand le band est enfin sur le rail et que survient la guerre), Mann semble se faire une joie d’enquiller les titres les plus célèbres de sa star : l’on assiste alors à une sorte de long clip… jusqu’au final forcément émouvant et dramatique (le pauvre Glenn disparu en 44 lors d’un vol qui devait le ramener à Londres - pour la ptite histoire il semblerait qu’un avion allié aient déchargé malencontreusement ses bombes sur le petit coucou… sur la mauvaise trajectoire…).
Si les fans de Miller (Glenn), de Stewart (toujours au taquet) et d’histoire d’amooouuuur gentillette devraient y trouver leur compte, les afficionados d’un Mann couillu et viril devrait rester un peu sur leur faim. On est dans la vraie biopic sauce Hollywood où l’on montre bien les galèèèèreuuuuux avant de surfer sur la période faste. Stewart incarne un Miller d’une humilité absolue, genre de grand musicien qui ose sortir de sa carapace uniquement pour conquérir celle qu’il sait depuis longtemps être la femme de sa vie. Au final un film au ton très familial porté par un excellent Stewart prompt à faire danser les bonnes gens. Pas le Mann non plus que je regarderai en boucle, certes…
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