LIVRE : La Vie voyageuse de Maylis de Kerangal - 2003

Une jeune femme part à la recherche de l'amour de jeunesse de sa vieille tante qui commence à perdre la mémoire, et cette quête d'un autre se transforme forcément en une propre quête personnelle - elle-même ayant bien du mal à se remettre d'une séparation... Son ancien amant a pris, un jour, un bateau au Havre, l'a laissée à quai et c'est maintenant à elle d'entreprendre son propre voyage (de la France jusqu'en Espagne dans les faits mais en fait un véritable voyage intérieur, on l'aura compris) pour retrouver..., pour se retrouver. Des lieux inconnus, des inconnus qui au mieux lui tiennent compagnie, notre héroïne, généalogiste, remonte progressivement la piste de cet homme aux abonnés absents et de ses propres sentiments. Classique dans le fond mais assez agréable dans la forme, Maylis de Kerangal ayant un réel talent à nous dépeindre en quelques coups de pinceaux affutés les lieux qu'elle traverse, à donner une densité aux personnages qu'elle rencontre en quelques lignes de dialogue... La jeune femme s'épuise peu à peu dans cette recherche - elle n'est pas avare en évanouissement -, a l'impression de se perdre de plus en plus (allez zou, une citation pour la route : "En réalité, être ainsi happée dans l'intimité d'inconnus expansifs me laissait perplexe. Ces promiscuités soudaines avec des gens qui ne m'étaient rien recelaient-elles des messages que je devais interpréter ? Je me suis vue soudain tel un corps étranger plongé dans un précipité saturé d'histoires, de récits, de mémoire et qui subissait des attractions latérales désordonnées. J'ai pensé alors que la part que prenaient les fantômes dans mon existence était devenu trop copieuse ces temps-ci."), mais parviendra à voir le bout du tunnel, à retrouver en quelque sorte ses racines après avoir parcouru toutes les ramifications de l'"arbre" des autres... Un second livre d'une jeune auteure relativement plaisant et dont l'écriture est à la fois précise et légère - oui, pas plus inspiré que cela au niveau des adjectifs ce soir, j'avoue.