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9 mai 2024

Drive-Away Dolls d'Ethan Coen - 2024

Il fait pas bon vieillir, moi je dis : le jadis malicieux Ethan Coen, auteur de quelques films joyeusement délurés, revient aujourd'hui, débarrassé de son frère, pour nous proposer une farce de papy désespérante. Désireux de s'inscrire dans le monde contemporain, qu'il comprend comme je comprends les chansons de Jul, il décide d'écrire une comédie lesbienne, histoire de satisfaire roublardement les femmes d'aujourd'hui et de se dédouaner à peu de frais. Le problème, c'est qu'il regarde l'homosexualité féminine (et le sexe en général) comme un petit vieux, et que l'enfilade de clichés de mauvais goût joue complètement en sa défaveur : là où il croit être brillamment moderne, il se tire une balle dans le pied en balançant des gags d'une lourdeur affligeante sur les femmes entre elles, réduites à des perruches hystériques obsédées par les godemichés et le cunnilingus. On sait que le compère, avec son frangin, n'a jamais brillé par la finesse de ses personnages ; mais jusqu'à maintenant, ces gros traits étaient au service de la comédie caricaturale, et on s'amusait de ces clichés. Ici, les stéréotypes deviennent vraiment gênants, et on a mal pour Coen de tenter ainsi à tout prix d'être de son temps et d'afficher en même temps une telle ringardise dans sa vision du sexe.

Le pire est que ces gros traits de stabilo sont effectués au sein d'un film tellement coenien qu'il est lui-même un cliché. Tout y est de ce qui fait leur univers habituel : les tueurs sans pitié, l'action joyeuse, les loseurs confrontés à une situation exceptionnelle, les petites villes américaines peuplés de freaks, les dialogues délurés, le portrait en coupe du pays montré dans coins les plus reculés, les motels crasseux... On dirait un remake de Fargo, d'Arizona Junior ou de O'Brother. Coen nous raconte le road-trip de deux femmes très différentes, une obsédée du sexe très libérée et une austère oie blanche en quête de tranquillité, qui mettent par hasard la main sur une mallette au contenu mystérieux convoitée par des tueurs. Gags en mousse, dialogues vulgarissimes, lumière pubesque dégueulasse, et seconds rôles à la truelle vont émailler leur périple, le but de tout cela étant de nous faire patienter entre deux fines allusions au cul entre femmes, sujet qui semble passionner notre homme jusqu'à la fixation. Coen veut être queer, il n'est que vieux cuir passé : on est affligé devant les obsessions priapiques de ce film qui semble fait sous influence viagra et qui tente de nous démontrer que toutes les femmes sont des nymphomanes vénales et hystériques, tout en se cachant bien sûr derrière ses doigts dès qu'il s'agit de se frotter réellement à des scènes de sexe, et tout en brandissant un féminisme binaire très gavant. On ne sourit strictement jamais devant cet exercice poussif et gênant.

 

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