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25 mai 2021

LIVRE : Canoës de Maylis de Kerangal - 2021

unnamedOn l'aime bien ici, notre Maylis de Kerangal, au point de se taper son dernier recueil de nouvelles ce qui n'avait pas dû m'arriver depuis ma dernière communion. Elle le dit, elle l'annonce elle-même, ci-gît là une nouvelle centrale et d'autres satellitaires avec, toujours (outre ce mot de "canoë" qui revient malicieusement sous toutes les sauces) cette thématique de la voix qui vient affleurer à chacune de ces histoires... Des voix qui changent et qui peuvent faire trembler une amitié ou un amour, des voix qu'on enregistre et qui portent les traumas du passé, des voix éteintes mais que l'on garde précieusement sur un répondeur, des voix qui hésitent, qui trébuchent et qui trahissent autant de fêlures... Ne prêtant jamais vraiment attention au quatrième de couverture (que je découvris donc... à la fin), je fus peu à peu charmé par ces multiples petites notations et remarques, au détour de chaque nouvelle, sur ces fameuses voix :  sur un timbre changeant qui va bouleverser l'interlocuteur, sur une voix (ou une mâchoire) qui se bloque ou sur cette volonté de trouver pour chaque roman enregistré une voix, sa voix... Dans "l'histoire centrale", qui se déroule aux Etats-Unis, il n'est finalement guère étonnant, quand on y songe, d'avoir affaire à une femme qui tente de trouver sa voie... au volant d'une voiture, une Mustang, qu'elle apprend à domestiquer (pour le meilleur et pour le pire...). Une femme qui a suivi son mari pour un temps, dans un pays qu'elle ne connaît pas, avec une langue qu'elle ne maîtrise pas, mais qui va peu à peu tenter de se fondre dans ses grands espaces. Une nouvelle qui donne en creux une certaine idée de l'Amérique mais qui donne surtout en plein (d'essence) une idée du caractère de cette femme qui tente de capter l'ambiance de cette aire de jeu à l'américaine ou de cette ère préhistorique (on trouve notamment des ossements de dinosaures) qui fait la particularité du territoire qu'elle côtoie... Il est d'ailleurs essentiellement question ici de femmes, de femme qui doute, de femme fêtarde, de femme pugnace... de femmes aussi attentives à leur environnement qu'à ces "petites voix" (la leur ou celle des autres) sur lesquelles elles se focalisent. On rentre très facilement dans ces diverses nouvelles, vite emporté par le rythme des longues phrases de de Kerangal où la virgule jouerait le rôle d'une petite intonation familière, comme une sorte de petite musique à la Maylis. Un livre qui se lit presque d'une traite et qui démontre encore une fois à quel point cette auteure, si sensible au monde qui l'entoure et à ses subtiles variations sonores de l'être, est capable de faire résonner avec intelligence chacun de ses mots : la petite voix de son maître.

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