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10 mars 2012

LIVRE : L'Autofictif prend un coach d'Eric Chevillard - 2010-2011

untitledQue dire de cette nouvelle mouture de L'Autofictif qu'on n'ait déjà dit dans les chroniques des opus précédents ? Pas grand-chose, si ce n'est que la couverture est rose pétard : on reste dans la très grande classe, dans l'humour impeccable teinté comme toujours d'une certaine pointe de désespoir, dans le génie quasi-journalier qui force toujours autant le respect. Chevillard écrit tous les jours trois pensées aussi fulgurantes qu'écrites avec une précision et une originalité confondantes, systématiquement là où on ne l'attend pas : portraits animaliers, souvenirs du père, chroniques de la vie quotidienne avec ses deux filles, réflexions métaphysico-absurdes, petites piques contre ses confrères en écriture (Despentes, Houellebecq, et surtout Jardin en prennent plein la gueule), les inspirations sont variées, mais surtout à chaque fois surprenantes. On est loin du simple "bon mot" à la Jules Renard ; Chevillard met son point d'honneur à nous surprendre non seulement sur le fond mais aussi sur la forme : la formulation a tout autant d'importance que le contenu, et le gars jongle avec les champs lexicaux, avec les règles de grammaire, avec les constructions de phrases, en virtuose de la langue. Peut-être que ce recueil-ci est un peu moins réussi que les trois autres : le sens de la formule en quelques mots se perd trop souvent en longs paragraphes pas assez concis, et le gars perd de sa rapidité d'exécution qui bluffait jadis. Mais pour ce petit défaut, on trouve quand même au moins une phrase géniale à chaque page, et certaines sont même parmi ce qu'il a écrit de meilleur ; je vendrais ma mère pour avoir trouvé des choses comme :"Si l'otarie avait des poches, elle y mettrait encore de l'otarie", ou "Plus le sujet est vague, ténu le prétexte, distraite la conduite de l'intrigue, évasive la recherche de la vérité ou du sens, et plus la littérature aura des chances de se déployer, sans autre justification qu'elle-même, libre et non asservie, pour donner enfin sa pleine mesure : dévorer l'espace et le temps." Savoir que le gusse a pondu ce genre de petits chefs-d'oeuvre en même temps qu'il écrivait un de ses plus grands romans (Choir) me laisse pantois. Même si l'envie semble parfois se tarir un peu, je serai client de l'Autofictif encore pendant des années.

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