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12 mars 2012

Story of G.I. Joe (1945) de William A. Wellman

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La seconde guerre mondiale vue par Wellman ? En adaptant les carnets d'un correspondant de guerre (Ernie Pyle), le cinéaste tend à montrer une vision des plus réalistes de ces pauvres gars filmés à hauteur d'homme - ou plus précisément à hauteur de hobbit vu qu'il patauge à longueur de journée dans la boue. Si ces hommes sont "héroïques", ce n'est point en accomplissant des missions de fou-furieux lors desquelles ils se montrent plus malins que tout le monde ; ils sont héroïques, simplement du fait d'être là, à attendre patiemment dans leur trou à rat la prochaine sortie, sachant que le pote de droite ou de gauche risquent bien d'y passer... Quant à penser à sa propre mort, c'est peut-être encore après tout ce qui peut arriver de mieux, cela évitera la peine de la perte d'un proche, cela évitera d'avoir à écrire à la famille de ce proche, cela évitera encore de devenir totalement fou dans cet enfer d'obus et de gadoue. Tout au long des deux heures du film, Wellman ne cherche en rien à booster son action pour le plaisir, le film comme les soldats donnant l'impression de s'enliser irrémédiablement dans cette terre italienne qu'il leur faut reprendre. Pire, même lorsqu'on a été victorieux, lorsque les troupes peuvent avancer en direction de la capitale, on croise toujours en route le cadavre d'un homme qu'on respectait : pas le cœur à célébrer quoi que ce soit, juste trouver encore la force d'avancer. La fin est pour le coup, malgré la victoire qui s'annonce à portée de fusil, un véritable crève-cœur...

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Le quotidien des soldats, donc, avec son lot de personnages particuliers : notons entre autres le gaziers avec son chtit chien - c'est d'ailleurs plus le chien le "héros" dans l'histoire, vu que ses maîtres ne vont pas toujours faire long feu... -, celui qui passe son temps à réparer un phonographe tout pourri pour pouvoir écouter le 45 tours que sa femme et son gamin lui ont envoyé (L'issue "de ce combat" va être des plus surprenants... Tant qu'on est à la guerre, il est finalement impossible de ressentir un quelconque effet de "délivrance", de joie), le G.I. qui, dans le feu de l'action, va tomber sur une Italienne qui n'a pas froid aux yeux et avec laquelle il va se marier (une petite respiration... qui ne va po durer longtemps (des obus qui pleuvent pendant la cérémonie à la pathétique et touchante nuit de noces... L'enfoiré de Wellman va également nous faire payer cette parenthèse heureuse...)... Deux individus attirent tout de même l'attention : le correspondant de guerre (Burgess Meredith) qui tente en toute occasion de garder la tête froide et de ne pas faire le mariole au milieu de ces hommes, futurs chairs à canon. Sobre et digne. Et puis, il y a ce Lieutenant Walker, j'ai nommé mon gars Mitchum dans l'un de ses rôles les plus muets et les plus marquants ; un regard de Mitchum sur ses hommes harassés ou sur un champ de bataille dévasté et t'as le "traczir" pendant trois jours... Impressionnant Bob, qui peut se contenter de laisser pousser sa barbe pour illustrer toute la tristesse insoutenable qui le tenaille ; il faut tenir, certes, mais il sait parfaitement dans quelle mesure la plupart de ces hommes sont voués à être sacrifiés. Son regard de cocker désabusé nous  tord irrémédiablement les boyaux... 

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Les combats sont particulièrement violents dans cette petite ville italienne totalement en ruines mais Wellman prend le temps d'insérer une séquence des plus troublantes en plein milieu de la bataille : Mitchum et l'un des ses hommes pénètrent à un moment dans une église à ciel ouvert ; la musique se fait dissonante, les deux hommes ne savent plus trop quelle attitude prendre au milieu de ce capharnaüm de croix et d'anges (continuer de respecter les lieux quand Dieu semble lui-même l'avoir déserté, abandonné ?...) alors même que des soldats allemands continue de guetter - ce serait bêta de se faire sonner les cloches en ce lieu-même... et bien justement... Une église, disais-je, qui va retrouver sa véritable fonction juste après l'arrêt des combats - un mariage y sera célébré - mais la joie sera encore et toujours de courte durée (le visage terrible de ces hommes de troupe qui ont du mal à sourire comme s'ils avaient oublié la possibilité même de pouvoir le faire). Le final finit par vous abattre (le chien meurt ? Prenez-moi pour un con, c'est ça... Nan, mais c'est presque pire). Une œuvre toute à la gloire des G.I. qui passe son temps à nous montrer leurs misères... Encore un très très solide Wellman.

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