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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 novembre 2010

Deux Mains, la Nuit (The spiral Staircase) (1945) de Robert Siodmak

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Ayant décidé hier soir avec l'ami Bas*ien de cesser, à tout jamais, de se faire prendre de haut par qui que ce soit et, à partir de là, de devenir des spécialistes dans des domaines que tout le monde néglige, j'inaugure un cycle "escalier au cinéma" qui va en rendre jaloux plus d'un. J'ai pas vraiment d'autres films sous la main, certes, pour être honnête, mais difficile de trouver mieux que The Spiral Staircase pour inaugurer le genre. Siodmak réalise un film noir de bonne tenue, ne négligeant aucun élément incontournable du cru (une vieille demeure qui semble être conçue autour des escaliers - ceux qui mènent à la cave marquent forcément tout de suite des points, une nuit d'orage qui n'en finit pas, des personnages hauts en couleur qui, derrière leur petit sourire rassurant, pourraient tous être des tueurs en puissance, ou encore une héroïne muette que personne n'entendrait crier, dans l'espace ou ici-bas...) mais qui peine peut-être quelque peu à vraiment nous surprendre, notamment dans son final...

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Après un début très prometteur (joli jeu en parallèle sur le regard et sur les émotions que cela provoque (l'héroïne en larmes dans la salle de cinoche ; le tueur, caché dans la penderie d'une femme qui vit seule dans une chambre d'hôtel, hypnotisé par sa future proie); une séquence sous la pluie, en pleine nuit, durant laquelle on suit notre héroïne effrayée à chaque petit bruit ; l'ambiance ultra tendue dans la baraque où chaque ombre, chaque claquement de volet est une menace), le film a tendance à tomber dans un tranquille petit rythme de croisière. On fait au passage la connaissance des personnages de cette maison vlcsnap_120999dans laquelle va se concentrer l'intrigue, personnages qui ont tous quelque chose d'inquiétant (ces deux demi-frères qui se détestent et qui tournent autour de la même oie blanche nommée... Blanche ; l'autre homme suspicieux de la maison étant l'homme à tout faire, le sosie de Roland Blanche (et son bouledogue qui joue à la perfection) avec sa démarche lourdaude) ou de truculent (l'infirmière irascible, la servante alcoolique, la vioque cyclothymique, clouée au lit, ancienne fine gâchette...); et puis il y a bien sûr la belle Helen (Dorothy Mc Guire) qui a de quoi avoir les boules : les trois dernières victimes étant une femme balafrée, une malade mentale et une boiteuse, il y a de quoi être un poil parano quand on est muette - un serial-killer attiré par les handicaps, il faut de tout pour faire un monde, c'est clair. Toute fragile, notre Helen peut tout de même trouver du réconfort dans les bras du jeune et sympathoche Docteur Parry bien décidé à l'aider et à... l'aimer. Il veut lui faire rencontrer un psy (elle est devenue muette après avoir assisté en live à la mort de ses parents dans un incendie), on voit pas trop ce qu'elle va pouvoir lui raconter (lol...) mais les deux veulent encore croire au miracle. Après avoir fait la connaissance de tout ce petit monde la caméra ne cesse de nous balader d'une pièce à l'autre dans cette immense baraque dont on aurait bien du mal à faire un plan.

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Chaque fois qu'une femme s'enfonce dans le noir pour aller à la cave, on s'attend à ce que l'étrangleur surgisse. Dans une partie de Cluedo, on mettrait sûrement deux minutes pour deviner quel est le tueur - il y a "le type que tout accuse" et pis l'autre, l'assassin forcément - mais on reste séduit tout du long par le jeu subtil sur les ombres et la lumière, celui sur la bande sonore (l'orage le plus long du siècle), cette caméra merveilleusement mobile et ce motif répété tant et plus des escaliers que l'on descend, à peine éclairés par une chtite bougie : ce leitmotiv nous fait frissonner à chaque occase (forcément, vu le titre, les bâtards) et traduit à la perfection non seulement l'image de ce serial-killer qui s'est enfoncé de plus en plus bas dans la noirceur, mais ce petit rituel de la descente des marches éclaire aussi la personnalité ou le destin des autres personnages (la servante qui s'enfonce dans son vice en allant piocher des bouteilles de cognac, Helen qui s'enfonce dans son mutisme sans parvenir à s'en sortir, Blanche qui trouve enfin le courage, après des années cloîtrées, d'aller chercher sa valise à la cave et qui a rendez-vous avec l'obscurité... éternelle). D'autres séquences sont particulièrement bien vues (Helen se regardant dans le miroir vue par le tueur - motus et bouche cousue...; Helen encore, qui imagine le jour paradisiaque de son mariage avec le docteur puis le cauchemar de se retrouver devant le prêtre et de ne pouvoir être capable de sortir un simple "oui" - c'est bêta, certes ; l'image également impresssionnante des deux mains, non pas celles du tueur mais de ses victimes, qui se tortillent de douleur ou finissent en croix) et si le film nous tient en haleine jusqu'au bout, on ne peut cacher un petit poil de déception au final tant l'incipit était absolument trépidant et prenant. Du solide au niveau du "noir" mais pas complètement muet d'admiration, c'est ça. 

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Commentaires
S
Voilà, je voulais me positionner en spécialiste mondial de l'escalier et, en fait, il est déjà trop tard... Me reste peut-être à faire un truc sur les rampes... Merci cela dit Dandylion pour être au taquet.
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D
A lire: Babineau, Dan (2003) Stairs in cinema : a formal and thematic investigation. Masters thesis, Concordia University<br /> <br /> A voir: Staircase de Stanley Donen<br /> Bronenosets Potyomkin de S. Eisenstein<br /> Escalier C de Tacchella<br /> Hannah takes the stairs de Swamberg<br /> En haut des marches de Vecchiali<br /> The dark at the top of the stairs de D.Mann<br /> etc...
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