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12 septembre 2010

LIVRE : Ouragan de Laurent Gaudé - 2010

9782742792979Je voulais une petite récréation au milieu de mes activités professionnelles, que j'ai très prenantes en ce moment ; je crois qu'il faudra que je repasse. Ouragan, sauf le respect que je dois à l'attachant Laurent Gaudé, est une sorte de condensé de tous ses défauts, débarrassé de toutes ses qualités. Solennité, totale absence d'humour, exagérations, imperfections dans la trame, personnages monolithique et schématiques : on ne cesse de s'ébahir devant le ratage complet de ce livre-là, qui accumule cliché sur cliché jusqu'à verser dans le roman sentimental pur.

Gaudé s'attaque au sujet de l'ouragan Katrina, qui a dévasté la Nouvelle-Orléans. Il développe la vie d'une poignée de personnages, qu'il veut symboliques des différents comportements possibles face au désastre : un curé qui va prendre le déluge pour un message divin destructeur à lui adressé ; une mama black fermement décidée à rester dans sa maison et à mourir ici ; un taulard recouvrant soudainement la liberté ; un homme qui vient retrouver son ancien amour au coeur de l'ouragan ; une femme désemparée abandonnée à la fureur des éléments avec son enfant. Dans les meilleurs moments (soit dans le dernier paragraphe de la première partie), on devine le projet : construire une symphonie de la douleur face à l'évènement. Sur quelques lignes d'une virtuosité impressionnante, Gaudé mélange ces 5 ou 6 destins en un seul flux, en restant lisible, et en faisant brusquement grimper sa trame dans la tragédie moderne. Bravo. Il retrouve sporadiquement cet élan dans certains trucs de montage assez bien faits, parfois les changements de plans rapides sont très bien menés.

Mais, pour 99%, le livre ne sait que déclencher des situations arbitraires et jamais crédibles (ces personnages qui se croisent et se recroisent), verser dans un lyrisme fatigant (les alligators qui envahissent la ville, les mélopées qui arrivent comme un cheveu sur la soupe), ou aligner des phrases absolument niaiseuses ("Elle contemple cet homme, la beauté de son dos massif et de ses fesses. Il est beau - non pas qu'il soit parfait, mais parce qu'il a cette force puissante qui rend un homme indéracinable."... Au secours !). Jamais il ne se penche sérieusement sur son sujet (la description d'une ville qui disparaît, et de ses habitants qui s'y noient) ; en choisissant de focaliser la tragédie sur les soucis domestiques de ses héros, il annule toute tension, et ne parvient qu'à l'anecdotique. En désespoir de cause, il multiplie les grandes phrases qui commencent par des "Ô" sonores et concernés, mais la musique, le sens, la grandeur, le souffle resteront au vestiaire. Ratage, gros ratage, donc, de la part d'un auteur qui garde toute mon estime, mais qui devrait se méfier de son image.

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