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27 janvier 2021

LIVRE : La Vengeance m'appartient de Marie NDiaye - 2021

41KZDKLfF+LDepuis Rosie Carpe, j'avoue voir chez NDiaye l'une des spécialistes mondiales de l'ambiance merdique familiale, le tout sous une plume à la fois finaude et toujours un brin acerbe. Comme il est question ici, de prime abord, d'une femme "bien sous tout rapport" qui noie ses trois enfants en bas âge, on se demande si on ne va pas encore assister à un jeu de massacre quant à la simple notion de famille... D'autant que l'héroïne, avocate novice et censée la défendre, a elle-même quelques difficultés à communiquer avec ses parents, en particulier son père... Tout cela, malheureusement, n'est pas si simple, NDiaye se faisant une joie de laisser quelques béances dans son récit pour qu'un doute infernal ne cesse de nous titiller : qui, dans cette histoire, nom d'un chien, est franchement droit dans ses bottes ? Mais reprenons. Il y a donc au départ cette avocate, Me Susane, toute surprise de recevoir dans son bureau le mari de cette meurtrière, un homme qu'elle a connu quand elle avait dix ans (il en avait quinze) et dont elle garde un souvenir passionné mais... trouble. Trouble car que s'est-il passé réellement dans cette chambre, dans sa chambre à lui ? Le mystère plane... Trouble, c'est un peu le maître-mot de ce récit. Troubles sont les motivations de cette femme qui a froidement éliminé ses bambins : folie meurtrière ou... vengeance atroce ? Troublantes sont les réactions des parents de notre avocate, ces derniers n'hésitant pas à couper tout contact avec elle... Troubles sont les motivations de cet ancien petit ami de notre avocate qui n'a de cesse de confier la petite fille, qu'il eut avec une autre femme, à ses bons soins... Troubles, encore, sont les liens qui unissent notre avocate et sa femme de ménage sans papier, à la fois terriblement serviable et distante. Bref, en un mot comme en cent, nous nageons en eaux troubles tant les rapports humains, professionnels, amicaux ou familiaux sentent la suie.

On est dans la peau de notre avocate et l'on perçoit tout du long ses doutes, sans toujours savoir si elle est responsable ou victime de ces situations malsaines... La seule certitude, presque, que l'on peut avoir, c'est qu'elle ne semble avoir aucun contrôle véritable de la situation. Est-elle simplement maladroite, est-elle manipulée, on ne sait jamais trop sur quel pied danser... Peu à peu, tout de même, se dessinent dans le récit quelques lignes de force : cette femme, cette meurtrière, dès lors qu'elle s'est mariée et a fait des enfants, n'a-t-elle pas subi la pression terrible, angoissante, sournoise, de ce mari... jusqu'à commettre l'innommable, pour qu'au moins une chose lui appartienne : sa vengeance (autodestructrice, à l'évidence). De même, ce manque de confiance de notre avocate, pourtant toujours prête à vouloir aider son prochain, ne serait-il pas dû à cette image despotique du père... Enfin, et c'est là sans doute tout le petit côté vertigineux de la chose, ne risque-t-elle pas à son tour de se retrouver piégée (par ses proches, par ses parents) dans la constitution d'une famille (son ex qui se rapproche d'elle et de ses parents, vers la fin de l'ouvrage) qu'elle n'aurait pas forcément souhaitée ? NDiaye nous fait pénétrer dans des territoires pour le moins troubles des relations humaines, comme si personne n'était à l'abri, en particulier les femmes, d'une situation qui dérape - une pression familiale trop forte, un terrible sentiment d'isolement et le mal (le mâle ?) est vite arrivé. On quitte ce roman avec cette impression... troublante d'avoir touché du doigt certains sujets brûlants (touchant particulièrement le prétendu "cocon" familial) sans avoir sans doute percé toutes les clés de ce récit opaque, elliptique à souhait. Dérangeant, doublement.   (Shang - 20/01/21)


Un peu bassiné pour ma part par cette littérature pour vieilles femmes, friable comme un vieux gâteau de mamie, qui dit sans dire tout en disant, qui joue avec les sujets graves sans jamais les aborder, de peur d'être taxé d'explicite (quelle horreur), qui fait semblant d'avoir un sujet et une réflexion, mais qui avoue assez vite sa vacuité ; pour éviter de se confronter à de vraies questions, NDiaye préfère poser les questions et les laisser en suspend. C'est pratique : ça laisse supposer qu'elle a des opinions, et ça évite de montrer qu'elle n'en a pas du tout. Soit donc tout un faisceau de pistes abordant des sujets graves (le viol, l'abus de pouvoir masculin, la famille, le rapport à l'autre (l'immigrée), le Mal, le confort bourgeois, etc.) : dans les premières pages, on se dit que, ok, elle met les choses en place, elle fait bouillir l'eau, et elle va tout d'un coup lâcher les chiens, et enfin faire quelque chose de tout ça, ne serait-ce que littérairement parlant. On attend impatiemment que ça explose enfin, qu'elle lève le voile, qu'elle montre les horreurs toutes crues de cette chienne de vie. Il est vrai qu'au bout de 200 pages, on tique un peu : cette introduction est bien longue... mais allez, il lui reste 29 pages pour nous achever, pour laisser parler l'écriture, pour ne plus la considérer comme du bavardage mais comme une vraie arme, et pour nous révéler les arcanes des dizaines de tramettes développées dans le roman.

Mais pensez donc : on est dans la littérature française, monsieur, chez ces gens-là on ne dit pas, on suggère. On se retrouve donc en fin de compte avec tout ce matériau en main, et on sent presque l'injonction de la part de NDiaye d'écrire nous-même le livre : elle, elle a fait le job, elle a allumé les feux, nous a donné envie de savoir, qu'on se débrouille maintenant.  Ca serait un tour de cochon que ça ne m'étonnerait pas. Jamais elle ne prend son sujet frontalement, jamais elle ne trouve le courage de dire les choses. Elle préfère tourner autour du pot, s'enfonçant même dans la psychologie à deux balles dans les dernières pages (oulala l'image du père qui déclenche une culpabilité blablabla). Pire : jamais elle ne s'attaque à la littérature, prenant la profondeur de sa réflexion (...) pour du style, préférant ne choisir aucune option plutôt que d'en choisir une seule, servant un roman mal construit, mal maîtrisé, présentant en 250 pages ce que n'importe quel romancier américain aurait écrit en 4 lignes. En un mot comme en cent : c'est chiant. Mais ça devrait suffire pour que NDiaye soit invitée à "La Grande Librairie" pour parler du harcèlement sexuel, des sans-papier, et des affres de la famille. Grand bien lui fasse.   (Gols - 27/01/21)

Commentaires
S
Ne criez pas encore au loup, je suis dans le Jablonka nom de Dieu... Ah oui, ces rentrées littéraires, c'est sportif... et un peu creux aussi.
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G
Ouais, z'avez pas complètement tort. Marre de ces rentrées littéraires convenues, de ces bouquins inutiles, de ces merdouille formatées, de ces faux chefs-d'oeuvre qui durent une semaine. Personnellement, je ne lis plus que des moitiés de bouquins. De temps en temps, je pousse le vice jusqu'au bout (c'est le cas de ce merdique livre de Ndiaye que je m'en vais dézinguer bientôt), mais oui, je réclame à corps et à cris de la viande rouge, tonnerre de brest...
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N
Depuis quelque temps, les choix de livres sur Shangols laissent , ma foi, un poil à désirer...<br /> <br /> Vous n'auriez pas des bouquins vraiment, VRAIMENT bien à causer de ? <br /> <br /> Pas ces machons-machins convenus, de rentrées entendues, par des plumitifs rebattus, et leurs sujets à la mode franchouille ? <br /> <br /> Punaise, quoi. Vous décevez. <br /> <br /> PS : avec de la viande, du muscle, du gras délectable. sans os de poulet de batterie, ni de fémurs friables. <br /> <br /> Allez, y en a sûrement sur la table ! Même des vieilleries d'occase...
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