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Shangols
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16 août 2008

LIVRE : L'Homme qui Souriait (Mannen som log) de Henning Mankell - 1994

Sans_titreUne semaine sans nouvelles de Shangols, je comprends votre angoisse terrifiée, votre nervosité et votre tristesse. Vous vous dites : mais qu'est-ce qu'ils ont fait, vu, lu, et surtout comment diable puis-je vivre sans Shangols ? Je comprends, et vole à votre secours.

Après lecture de L'Homme qui souriait, il me semble de mon devoir de rectifier un a-priori bien ancré en moi : il semblerait que certains auteurs de polars aient dépassé le stade de l'écriture niveau CM2, et sachent trousser un livre passionnant. C'est le cas de Mankell : il livre un roman haletant et singulier, alors même qu'il respecte totalement toutes les règles du polar classique : construction académique (un meurtre / une enquête / une résolution), lot de rebondissements habituel, fausses pistes, personnages à double tranchant, etc. On est dans le bon vieux polar de chez polar, genre lecture de plage sympathique.

Pourtant, Mankell trouve un vrai ton, quelque chose d'assez subtil qui le détache du lot. Pas tant dans l'écriture, relativement plate et sans saveur : ses tentatives de descriptions de paysages laissent pantois devant leur peu d'inventivité, les dialogues sont la plupart du temps purement informatifs, et la construction de chaque chapitres est un poil usée (genre "Quand Wallander attaqua la journée du 22, il était loin de se douter qu'elle allait révolutionner toutes ses convictions", suivi de longs détails d'enquête, puis d'un coup de théâtre incitant à se plonger dans le chapitre suivant). De ce côté-là, malgré un professionnalisme indéniable, rien à signaler. Le talent de Mankell, c'est plutôt les personnages, et en premier lieu le héros lui-même, Kurt Wallander, peu sympathique, drôle comme un dimanche de brouillard, assexué et raide comme la justice. Ses pensées à la limite du réactionnaire (il est sans cesse sidéré par l'évolution moderne du Mal), sa nostalgie du temps passé, son sérieux papal, dessinent curieusement un personnage très crédible; le fait même qu'il soit assez déplaisant dans son fond rend ses actes d'autant plus forts, et ses investigations d'autant plus captivantes. Wallander est uniquement absorbé par la résolution de l'énigme policière, faisant fi de son aspect ou de sa sociabilité : le livre y gagne en vérité, et on est comme lui absorbé par les tout petits détails de l'enquête. D'autant que celle-ci est assez passionnante, pleine d'arcanes et de personnages secondaires intéressants.

Au final, on se rend compte qu'on est resté scotché par le déroulement de ce "livre d'été", et on applaudit le grand savoir-faire de Mankell. C'est pas du Faulkner, on est d'accord, mais c'est un très bon moment, le genre de choses qu'on dévore avec délice. Dont acte.

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