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29 mai 2008

LIVRE : Doggy Bag saison 6 de Philippe Djian - 2008

Sans_titreOn respire un grand coup : c'est fini. L'opus 6 est visiblement le dernier de la série, et c'est pas pour être désagréable mais, au vu de l'ensemble, c'est pas dommage. Certes, la série nous aura fait parfois côtoyer de bons moments (je garde un bon souvenir du chien carbonisé dans un arbre, ou de l'épisode de l'ours), mais en règle générale, et du strict point de vue de l'écriture, on est plus souvent proche de l'abîme que du sommet.

Ceci dit, agréable surprise : Doggy Bag 6 est sûrement le meilleur épisode de ce côté-là. Non pas qu'on soit dans Proust, attention : Djian tient à ce qu'on sache qu'il met toute sa sueur dans son travail, il veut que le travail se voit, et il ne nous épargne donc rien de ces figures de style hautement improbables dont il a fait son grain depuis 2 ans. Mais, pour une fois, sa nouvelle trouvaille fonctionne. Il s'agit cette fois d'un rythme presque slamé, qui remplace tous les signes de ponctuation par des points très volontaires. En gros, on écrit une phrase simple (exemple d'école : "Edith l'aimait toujours"), qu'on termine par un point ; puis on rajoute un bout de truc ("Pensait-elle") ; point ; puis encore un bidule ("Enfin") ; point ; puis encore, et encore, jusqu'à constituer sans vergogne un paragraphe entier. Exemple : Edith l'aimait toujours. Pensait-elle. Enfin. L'aurait. S'il n'était pas si con. Et il l'était. Oh mon Dieu. Il l'était. Sérieusement"... etc, à l'envi. J'invente, mais l'essentiel du livre est constitué de ce curieux truc, et parfois ça donne une dynamique très agréable au livre, presque une emphase malgré la sécheresse du procédé. Du coup, les exagérations habituelles de Djian (quand un personnage se mouche, en gros, il convoque Charybe, Scylla, le cosmos, l'enfer et tous les dieux grecs) passent mieux, et on retrouve avec plaisir cet humour grandiloquent. Les aventures de la famille Sollens sont minables, finalement, mais Djian s'amuse à les rendre dantesques avec une telle application qu'il finit par arracher plus d'un sourire.

Et puis, fin oblige, le scénario de cet épisode s'approche d'une épure dans les évènements : il n'y en a presque plus, sauf, paresseusement, une reprise de cette thématique du déluge qui constitue toute les fins des Djian depuis 10 ans. Ici, c'est un froid sibérien (-50°, c'est du Djian, pas de concession) et un tremblement de terre énorme. C'est déjà vu, pas mieux écrit que dans Assassins, et un peu peinard dans ses pantoufles. On a finalement l'impression qu'il s'arrête là comme il aurait pu s'arrêter au 4ème ou au 8ème épisode. Doggy Bag, dans son projet d'ensemble, manque quand même énormément d'ambition ; pas au niveau de l'écriture, désespérément en quête de reconnaissance (comme si le style devait forcément sauter aux yeux du lecteur), mais au niveau de ce que ça raconte (en gros : rien). Même pas le charme des séries américaines, pourtant convoquées dans le projet : on n'est pas accro du tout, et on quitte la série sans regret. 1500 pages pour pas grand-chose. 

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