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26 octobre 2006

LIVRE : Doggy Bag saison 3 de Philippe Djian - 2006

Sans_titre6 mois après la saison 2 (est-ce que ça ne choque que moi, cette vitesse d'écriture ?), voilà la nouvelle livraison du sinistre Doggy Bag de Djian. Bon, admettons qu'on puisse écrire un bon livre en aussi peu de temps, et lisons sereinement, en repensant encore une fois (mais je commence à me lasser) aux grands livres du gars.

Eh bien ce n'est pas pire, disons. A nouveau, l'écriture de Djian est infâme, le mot n'est pas trop fort. A chercher obsessionnellement le style, le gars se fourvoie dans des complications formelles sans issue. Cette fois-ci, il tente deux formes, aussi peu probantes l'une que l'autre : 1/ transformer chaque lieu commun en question : c'est simple, en ajoutant élégament un point d'interrogation à la fin d'une platitude, on transforme la banalité en profondeur. Exemples : "La vie est affreuse, est-ce que je me trompe ?", ou "Passe-moi le sel, est-ce que tu me comprends bien ?" (j'invente, mais c'est ça). Le résultat est une suite de dialogues hautement ridicules, un style qui se voudrait hypnotisant et qui ne cache que la misère totale de l'inspiration du gars. 2/ quand la question n'est pas possible, répéter 3 fois la même banalité peut s'avérer très utile. Exemples : "La vie était affreuse. Oh que oui ! Affreuse, elle l'était, au-delà de l'admissible. De cela il était convaincu: la vie était terrible", ou bien "Il lui passa le sel. Dans un rictus. Le sel passa de lui à elle dans le rictus de l'homme perdu" (en inventant ces phrases, je me rends compte qu'il est très facile de faire du Djian). Ainsi, les phrases les plus nulles s'en trouvent dopées et peuvent aisément bluffer le lecteur inattentif. Ajoutons à ces piètres tentatives une fascination avide envers les complications de la grammaire française, qui fait que le gars se perd dans des phrases inutilement compliquées et boiteuses juste pour la beauté du saut périlleux. Et un côté catalogue de mode très gavant : le pépère dresse maladroitement une liste de disques et de livres à se procurer pour être à la mode, ce dont on se fout un peu, ça va, on lit Les Inrocks : pour être djiannesque, il faut donc écouter Cohen et lire Ellis, bon, c'est noté. L'écriture de Djian est d'une pauvreté désespérante, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Côté scénario, pourtant, on assiste à un mieux, depuis un premier chapitre relativement inspiré côté trame jusqu'à quelques portraits de personnages un peu mieux sentis (un des héros, Marc, s'en trouve épaissi à bon escient). Les situations, toujours aussi rocambolesques et invraissemblables, sont pourtant un peu plus intéressantes, et il y a toujours ce talent pour faire rebondir l'action aux moments adéquats (jolie dernière phrase qui fait attendre la suite). Mais franchement, c'est quasi-illisible, et je ne sais pas si mon attachement adolescent à Djian sera assez fort pour que je lise la saison 4. "Djian est mort, quelqu'un essayera-t-il de le nier ? Oh oui, il est bel et bien décédé. Quelqu'un dira-t-il le contraire en écoutant Cohen ? Est-ce qu'il n'est pas, quoiqu'il adviennasse, mort et enterré ?"

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