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Shangols
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4 août 2006

LIVRE : Crocodiles de Philippe Djian - 1989

Sans_titreJ'imagine déjà, par-delà la distance, le sourire ému de mon ami Shang à l'évocation de ce livre qui a dû alimenter nombre de nos conversations sur les bancs de la fac ou aux terrasses des cafés clermontois. Djian est le véritable auteur de ce blog, les enfants, puisqu'il est le véritable auteur de notre goût pour la lecture (je parle aussi en ton nom, frère Shang, je peux ?)

Je ne m'attendais pas à une telle émotion à la relecture de Crocodiles. Mais preuve en est : on a tendance à l'oublier, mais Djian fut bien, dans les années 80, un grand auteur, un gars qui connaissait les rouages de la langue française, et essayait souvent avec succès d'en trouver d'autres arcanes, d'autres sons cachés. Si aujourd'hui, on est bien heureux de trouver une ou deux phrases jolies dans les romans du gars, on constate que les textes de Djian à l'époque en étaient gorgées. La langue de Crocodiles est très belle, très travaillée certes, parfois un peu trop, mais ça fait mouche si souvent qu'on en reste baba. Ce mélange de lyrisme délicieusement exagéré et de trivialité est une grande trouvaille, je dis ça en vous regardant en face. La différence par rapport aux tristes romans djiannesques d'aujourd'hui tient tout simplement à la sincérité et à l'humour. En 1989, Djian était sincère, son urgence d'écrire transparaît à chaque phrase ; cette recherche effrénée du bon rythme, de la bonne ponctuation, du bon son de phrase, en témoigne. En 1989, Djian avait de l'humour, c'est-à-dire que la littérature, même prise très au sérieux, affichait toujours chez lui une volonté de distance, une modestie étrange venue pourtant de cette complexité verbale extraordinairement travaillée. Crocodiles est beau comme tout, que voulez-vous, et ce n'est pas seulement parce que je l'ai relu avec ce rictus mélancolique de gars de 35 ans. Les sujets de ces 6 nouvelles sont drôles, émouvants, originaux, bon ça ok ; mais là n'est pas du tout le réel talent de Djian. Il est dans le style même, maladroit parfois (dieu merci), mais toujours dévoué à l'émotion et à la beauté.

Philippe, relis tes bouquins des années 80, et remets-toi au taff...

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