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Shangols
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4 août 2006

Rêves (Dreams) d'Akira Kurosawa - 1989

akirakurosawasdreamsEsthétiquement, Dreams est une splendeur. L'écran est littéralement envahi de beauté, que ce soit dans les scènes lumineuses (éclatement des couleurs, des fleurs, de l'eau, dans des verts et des jaunes sublimes) ou dans les scènes sombres (des gris et des bleu-métal parfaits). On sent que Kurosawa aime passionnément la nature, et une telle maîtrise de la photo laisse pantois. Cela dit, on est tout de même en droit d'attendre un peu plus d'un film. Et là, ça achoppe.

Il ne faudrait pas quand même que AK nous prenne pour des andouilles. Dreams est totalement privé de fond, si ce ne sont ces réflexions confondantes de naïveté sur les ravages de la bombe atomique ou ces leçons de morale sur la vie saine (on est proche de la scientologie tout de même). Le dernier rêve, entre autres, est affreux, avec cette morale à deux balles et cette vision disneyenne de la sagesse. Non, Akira, ce n'est pas ça la sérénité de la vieillesse ; ça, c'est de la sénilité, ça m'arrache le coeur de dire ça d'un des plus grands réalisateurs mais bon. Le sage épure (allez voir le dernier spectacle de Peter Brook, Sizwe Banzi est mort), le vieux radote.

Bon, trois séquences sont toutefois très belles :
- "La tempête de neige", qui rappelle les fulgurances rythmiques et esthétiques de Dersou Ouzala,dreams magnifique errance dans la glace, clin d'oeil aux films de fantômes chinois en même temps qu'école de mise en scène. Tout, images, sons, rythmes, est au service de la poésie la plus puissante.
- "Le tunnel", séquence mélancolique et glacée sur le temps qui passe et la mort, là aussi très bien traitée au niveau des sons (les pas dans le tunnel, le chien-cerbère) et au niveau du rythme. Séquence très triste et touchante.
- "Le Mont Fuji en rouge", émouvant hommage aux films de l'époque Honda (Godzilla traîne pas loin), et histoire glaciale, superbe.

A part ça, une symbolique très très lourde, des personnages qui laissent à désirer (Akira a une vision de Van Gogh franchement hilarante), et une manière assez gênante de filmer pour soi. Les rêves de Kurosawa sont bien plats...

le sommaire Kuro est là

Commentaires
G
Nous transmettrons, Philalethe, mais franchement ne vous attendez pas à une réponse rapide , non seulement parce que Kurosawa est japonais, mais aussi parce qu'il est en outre décédé. Mais je suis sûr que votre enthousiasme l'a atteint dans son paradis doré rempli de saké gratos et d'arcs-en-ciel mirifiques.
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P
Merci mr Akira Kurosawa pour ce merveilleux film. " Celui qui perd l'enfant en lui sera<br /> <br /> un eternel adolescent ". Votre film est en dehors du vaste et large domaine du relatif,<br /> <br /> et nous recentre sur l'essentiel ... que le train-train tente de nous arracher dans notre quotidien. Un poster de 120 cm par 160 trône dans mon appart. .... l'enfant sous l'arc<br /> <br /> en ciel ... du pardon et de l'effort récompensé, de la curiosité innocente. Dieu nous Donne la vie pour apprendre ... non-stop. D.C.
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T
Merci pour votre accueil! ^____^
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G
Merci, voisin Tororo, pour cette précision énamourée sur ce Kuro mal-aimé (en premier lieu par moi). Je ne l'ai pas revu depuis 2006, je ne l'ai plus en tête. Mais j'ai beaucoup aimé votre approche poétique de la chose ("éprouver de nouveau, comme jamais, la terreur d'entendre la porte de la maison de Papa et Maman se fermer devant nous dans un grand bruit de verrous et de chaînes" pourrait être une phrase de Shangols, c'est très joli).<br /> Quand vous voulez pour un autre commentaire !
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T
Je viens de le revoir, et... je suis tombé fan.<br /> (c'est mon premier commentaire sur ce blog que je viens souvent lire, et toujours avec plaisir: bonjour, au fait.)<br /> La dernière phrase du deuxième commentaire résume bien, me semble-t-il, le malentendu sur lequel est fondé votre critique Rêves n'a pas pour propos de dispenser une "sagesse qui viendrait avec le temps", c'est au contraire un film sur "l'incertitude qui vient des rêves" (pour citer Roger Caillois): un film sur la façon dont les rêves nous mettent à nu, nous dépouillent des défenses que, dans la journée, dresse autour de nous notre amour-propre.<br /> <br /> Si nous y sommes replongés dans une enfance où l'on nous berçait de contes, ce ne sera pas pour nous y conduire en héros, mais pour éprouver de nouveau, comme jamais, la terreur d'entendre la porte de la maison de Papa et Maman se fermer devant nous dans un grand bruit de verrous et de chaînes.<br /> <br /> Le discours académique sur Van Gogh que nous tenons toujours tout prêt (au cas où son nom viendrait dans la conversation à l'heure de l'apéritif), nous n'aurons pas l'occasion de briller avec, quand, devant nous, Van Gogh se mettra à faire le bruit de la locomotive. <br /> <br /> Et les vieux barbus rient et agitent les mêmes clochettes que les petites filles en robe fleur-de-pêcher (Rêves est un film de peintre, bien sûr, mais la bande-son y joue un rôle important aussi).<br /> <br /> Non, décidément, je trouve que Rêves est trop intranquille pour être un film de pépé.
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