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13 février 2022

L'Homme qui rit (The Man who laughs) (1928) de Paul Leni

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Bien fait de ne pas le lâcher ce Paul Leni qui nous offre une adaptation (muette) de cet homme qui rit relativement émouvante à défaut d'être haletante. On part pourtant sur de bonnes bases (visuelles) avec ce navire qui embarque dans la neige (et qui laisse à quai ce pauvre gamin défiguré, Gwynplaine) et ce paysage terrible de pendus également enneigé : c'est là que notre héros trouvera cet enfant aveugle, Déa, avant de trouver refuge chez celui qui le mettra en scène le bien-nommé Ursus. Je ne vous ferai point l'affront de vous résumer l'intrigue (mais si, vous l'avez lu un jour), rappelant seulement au passage que le gars Gwynplaine, issu de la haute noblesse et dont le père a été trucidé par le roi, s'est vu infligé un rictus qui lui déforme le visage. Transformé en bête de scène (et de spectacle) dans les foires, notre homme n'aura d'yeux que pour Dea avant de croiser sur son chemin la Duchesse Josiana : cette dernière, sensible au gazier quand tout le monde ne voit en lui qu'un monstre, est sommée par la reine de l'épouser pour garder ses biens (qui furent spoliés au père de Gwynplaine que l'on pensait sans héritier). Qui des deux jeunes femmes prendra finalement le cœur (et les dents) de Gwyn, ah là là, pas évident.

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C'est Conrad Veidt qui endosse le rôle de ce Joker avant l'heure et il le fait ma foi avec une certaine grandeur malgré cet impeccable rictus qui lui colle constamment au visage ; il ne lui reste que les yeux pour tenter d'exprimer un semblant d'émotion et il y parvient avec brio le cas échéant... Leni, autour de son héros, met en place de grandes reconstitutions (la foire, le théâtre, le concert chez la reine) qui serviront de toile de fond aux chassés-croisés des trois principaux protagonistes ; peu de variété, donc, au niveau des décors et de l'action, mais des scènes assez meuh-meuh avec suffisamment d'agitation et de figurants pour frapper les esprits... Malgré ce gros barnum dans la mise en scène, on avoue pour notre part avoir préféré les scènes plus intimes, celles où Gwynplaine se rassure en ressentant pleinement l'amour de Déa à son égard ou celles tout en séduction (et en jambes dénudées) où la duchesse tente de l'attirer dans ses rets. Gwynplaine, avec son visage de farce, tente avec ses yeux (et son front) d'exprimer et de garder sérénité et foi, mais il peine, bien sûr, à se dire que les deux donzelles peuvent aimer l'homme derrière ce masque d'enfer (certes Dea est aveugle mais n'est pas non plus totalement quiche)... Gwynplaine, jusqu'au bout, est torturé par le destin qu'on tente de lui imposer et tentera, dans une ultime tentative de révolte, de suivre son instinct... Un final mélodramatique à souhait avec en prime un chien fidèle remarquable en tout point... Cette dernière partie emporte volontiers nos suffrages bien qu'on ait dû subir auparavant un petit ventre mou  avec notamment ces scènes de palais qui tirent un peu en longueur (un beau défilé de tronches mais un jeu un poil outré un peu lassant). Leni nous sert au final une adaptation pleine de bruits (si, si) et de fureur et rend gloire à ce héros plus touchant que poilant avec une certaine maestria - la meilleure adaptation du bouquin d'Hugo ? Pour sûr, vu que je ne me suis jamais tapé les autres...

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