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12 février 2022

Panique (1946) de Julien Duvivier

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Adaptation des Fiançailles de Mr Hire par Duvivier avec un Michel Simon barbu et en grande forme dans le rôle de l'ennemi public numéro 1 : seul contre tous, le Michel devra tenter d'échapper à un lynchage populaire... Mais revenons au départ de l'histoire même si tout le monde en connaît les grandes lignes : Viviane Romance (dangereusement fatale, fatalement dangereuse sous ses petits airs de sainte-Nitouche) sort de prison pour rejoindre celui qu'elle a couvert pour une sombre histoire de vol : Paul Bernard as Alfred - un gommeux affable bien propre sur lui... Elle ne tarde pas, via Michel Simon, à apprendre que l'Alfred est impliqué dans le meurtre qui ouvre le film... Elle a désormais le choix : continuer de couvrir son marlou sans foi ni loi ou se jeter dans les bras du gentillet et confortable Michel... Il semble qu'il ne devrait pas y avoir photo mais la psychologie féminine, on le sait, aime à défier toute logique. Elle glissera putassièrement le sac de la femme asassinée en ouverture dans la chambre du naïf Simon : la chasse à l'homme peut alors commencer...

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Scènes nocturnes joliment illuminées entre nos deux comploteurs dont on devine juste le contour du visage, séquence érotiquement tendancieuse quand la belle Viviane se glisse dans le bureau du Michel pour l'allumer (lui qui désespère des hommes et des flics - un type forcément juste - est incapable de lire dans le jeu de la trompeuse Viviane jouant de ses charmes), course ultime sur les toits pour mettre en scène la résolution du drame (bien belle séquence qui tient en haleine : la vie de Michel Simon tient à un poil), Duvivier livre une adaptation de Simenon relativement honnête. On aime (même si on connaît le truc) ces portraits de petits commerçants flaubertiens (mais parisiens) qui dégoulinent de populisme sot. La palme revient bien sûr au géant Max Dalban dans le rôle du boucher : le jugement à l'emporte-pièce fait homme, cette charogne de boucher est celui qui précipitera la mise à mort du client Simon (ne jamais dire à son boucher que ses steaks ne sont pas assez saignants, jamais) ; même si la Viviane, bêtement manipulable par son marlou, apporte l'estocade, il en faut peu pour mettre le feu aux poudres au quartier. Mr Hire est un solitaire, taiseux et discret, cela suffit pour que la rumeur enfle à son sujet... Lui l'astrologue et photographe qui a un don pour percevoir les gens et son environnement, il restera totalement aveugle (par amour forcément) à son propre sort. Le mal-aimé est le parfait bouc-émissaire de la foule et le film, tourné au lendemain de la guerre, fait froid dans le dos... Panique constitue une belle petite machinerie qui se met insidieusement en place avec l'aide du couple Viviane/Paul et des divers personnages secondaires. Solide "polar" d'après-guerre à la française.   (Shang - 27/01/18)

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Indéniablement une des grandes réussites de l'inégal Duvivier, ce Panique. La beauté du film réside sûrement dans sa noirceur totale, dans ce regard complètement désabusé et plein d'abandon sur la gente humaine, sans doute hérité de Simenon. Monsieur Hire est un homme qui a tout rejeté de ce qui fait le genre humain : toute la première partie, où on le voit continuer à faire son petit marché alors que tout le quartier est passionné par l'assassinat qui a eu lieu dans le voisinage, est hilarant et douloureux en même temps. Michel Simon y est le vieux cynique et cultivé qui regarde tout le monde de haut, boucher, flic, pute du coin... Et on ne peut que lui donner raison quand on s'aperçoit à quel triste échantillon d'humanité on va avoir droit : tout n'est que gabegie là-dedans, de la jeune première prête à sacrifier notre bon Mr Hire à son amant tuant et trahissant sans l'ombre d'une culpabilité, des petits commerçants suintant de satisfaction aux forains se lamentant pour leur chiffre d'affaires alors qu'on est en train de tuer un homme sous leurs yeux. Le décor de la fête foraine, justement, est magnifiquement trouvé pour exprimer cette joie feinte qui cache de très sombres desseins. Tout le monde est renvoyé dos à dos, Mr Hire ne faisant finalement pas exception, lui qui a voulu s'extraire de la classe des humains pour se bâtir un "Xanadu" éloigné de tout, lui dont la vertu morale cache une haine tenace envers ses contemporains. Dans un tel contexte, Duvivier choisit une option audacieuse : éviter le film noir, privilégier le "réalisme poétique" à la mode à l'époque. C'est donc sous les dehors charmants d'un petit quartier populo que se déroule cette affreuse histoire, ce sera en plein jour et dans une foule compacte qu'aura lieu le sacrifice du bouc-émissaire. Magnifique séquence finale, effectivement, superbement joué par Michel Simon, traqué mais calme, presque fataliste vis-à-vis de son sort, se rendant compte mais un peu tard qu'il a été berné par la femme qu'il aimait. Écrit franchement au taquet par un Charles Spaak en grande forme, le film sort brillamment du lot commun du cinéma populaire de l'époque par le soin qu'il porte aux personnages, par ses acteurs (à l'immense Simon, il faut ajouter l’ambiguë Viviane Romance, qui joue avec subtilité un rôle pas commode, ainsi que toutes ces trognes en seconds rôles, tous pathétiques), par son écriture sans un poil de gras, et par l'atmosphère joyeuse et triste que Duvivier a su créer. Grand réussite, sûr.   (Gols - 12/02/22)

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