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23 juin 2021

LIVRE : Le Serpent majuscule de Pierre Lemaitre - 2021

9782226392084,0-7276538Couverture d'une rare laideur, préface qui ne présage rien de bon (Lemaitre y dit texto : ce texte n'est pas très bon, c'est pourquoi j'avais décidé de ne pas l'envoyer aux éditeurs...) : on n'attend rien de bon de ce texte de jeunesse inédit du bon Pierre Lemaitre, à une époque où il cherchait à devenir un polardeux pur jus, et qui constitue justement un acte d'adieu au genre, décidé qu'il est à l'abandonner pour se consacrer aux romans plus "sérieux". A la lecture, on est pourtant un peu rassuré : certes, on n'est pas dans le grand bouquin haletant au suspense imparable, l'écriture est souvent maladroite, la trame improbable et les personnages assez schématiques. Mais malgré tout, on éprouve un certain plaisir à se laisser raconter une histoire noire de chez noir, et le talent de l'auteur pour ce qui tient de la narration pure est déjà franchement en place pour ces premiers balbutiements. De façon assez ludique et décontractée, Le Serpent majuscule (titre con, au passage) raconte les agissements de Mathilde, ancienne résistante et femme de main sans pitié, reconvertie en tueuse à gage hyper professionnelle. Sauf qu'au moment où ça commence, la bougresse commence à accumuler les conneries, devient moins exigeante et menace de faire s'écrouler son organisation... si bien que son complice de toujours est engagé pour se débarrasser d'elle. Si vous y ajoutez une traque policière active, un voisin trop curieux et une folie sous-jacente de l'héroïne, vous entrevoyez la tension bon enfant qui tient ce roman. Au niveau de la trame, même si elle est souvent proche du grand n'importe quoi (l'impunité de Mathilde frôle le délire), Lemaitre est une nouvelle fois imparable : surprenant (quelques personnages principaux tombent subitement comme des mouches), maître dans l'art du contrepoint, violent et noir quand il le faut et soudain assez fendard aux moments les plus incongrus, il parvient à tenir sur une trame assez minuscule et pas passionnante, quitte même à oublier en chemin certaines pistes (mais qui a tué ce dalmatien ?). C'est vrai qu'au niveau du style, on est parfois niveau zéro, avec ces phrases moches et fonctionnelles qui aplatissent complètement les personnages, avec cette construction mal équilibrée, avec ce vocabulaire qu'on dirait constitué de 50 mots quand il s'agit de décrire un meurtre ou de souligner un tic de comportement. Mais pour une lecture mi-sieste mi-culture sur la plage harassé de soleil, ça peut suffire : voilà un livre pas désagréable, qui s'apparente à une bulle de champagne.

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