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Shangols
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20 octobre 2019

LIVRE : Lazare (Lazarus) de Lars Kepler - 2018

9782330126599,0-5948680Ce bon vieux Lars Kepler a beau nous balancer toujours le même bouquin, avec en gros les mêmes recettes et les mêmes facilités, je reconnais une fois encore que j'ai été embarqué façon "joueur de flûte" dans ce nouveau pavé. Le gars (les gars, puisque Lars Kepler est le pseudo d'un couple, bon, on va le traiter en homme et au singulier, ok ?) est doté d'un tel sens du rythme, qu'il pourrait bien user de tous les clichés de la terre, tomber dans l'invraisemblable total ou même oublier 40 pages à l'impression, qu'on serait bouche bée tout pareil. Après nous avoir fait avaler une histoire de jumeaux (...) dans son polar précédent comme si de rien n'était, le voilà donc de retour avec son inspecteur Joona, sa collègue gironde Saga, et le fameux et méphitique Jurek Walter. Quoi ? me direz-vous sans aucun doute, mais Jurek Walter n'était-il point décédé ??? Alors oui et non, je ne vous dis rien, mais il se pourrait bien que son ombre menaçante plane encore sur l'existence de ce pauvre Joona. Une série de meurtres barbares est commise un peu partout, avec comme seuls points communs que les victimes sont toutes d'anciens salopards (pédophiles, pervers, serial-killers) et que chaque meurtre se trouve avoir un lien avec Joona... ce qui laisse à penser à ce dernier que son ennemi de toujours est de retour, et qu'il lui importe de se cacher pour sauver sa famille des griffes d'icelui. On le verra, et on s'en doute bien, ce sera peine perdue et Joona devra en chier pour qu'enfin Jurek soit défait, Saga à l'abri et toute sa famille sauvée (ou pas). La somme de sévices fomentés par le génie du mal qu'est Jurek fait plaisir à voir pour tout bon amateur de gore : les morts sont très raffinées et brutales, et Kepler a l'air de prendre un malin plaisir à nous montrer son sadisme particulièrement spectaculaire en la matière.

Même si ce roman-là est en-dessous des quelques skuds envoyés jadis par Kepler, on demeure abasourdi par l'efficacité de ce polar, qui ne vous laisse pas respirer une seule seconde. On s'enfonce progressivement dans l'horreur pure, complètement fasciné par cet univers, et par le personnage délicieusement horrible de Jurek : un pur génie, fasciné par l'âme humaine, et qui ne tue que pour pouvoir atteindre les vivants, les ruiner psychologiquement. En face, les gentils sont du coup un peu fades : Joona est l'archétype du bon flic et du survivor ultime, mais on a du mal à partager sa haine de Jurek et sa peur de lui ; et Saga, qu'on a connue plus sexy et plus forte précédemment, n'a cette fois qu'un rôle d'assistante. Mais baste : le truc est rondement mené, les chapitres s'enchâssant les uns dans les autres à une vitesse vertigineuse. Dès qu'un personnage est à l'abri, boum, à la page suivante un autre est dépecé en bonne et due forme, et il s'agit souvent d'un personnage central. Kepler est imparable pour vous envoyer de l'action et rien que de l'action, commençant ses chapitres par un petit paragraphe de description, et plongeant immédiatement dans le meurtre, quitte ensuite à étirer sur plusieurs pages le suspense, et à amener le climax de la scène d'une façon hyper sèche. Ça éclate la tête, ça casse des bras, ça démembre, ça décapite à la scie égoïne, ça enterre vivant, bref c'est un festival de cochonneries, et on attend avec impatience la confrontation finale entre ce Méchant Total et notre Joona ; dénouement qui sera, comme souvent chez Kepler, un poil décevant et longuet, le développement de l'intrigue et les mille questions de l'enquête ayant beaucoup plus d'importance que la résolution, asservie à une surenchère fatigante. Quoi qu'il en soit, un véritable plaisir de reprendre tous les ans notre shoot d'hémoglobine et d'intrigue retorse. Vivement l'an prochain. (Gols 18/10/19)


81zl9X2W2OLEntre deux balades vivifiantes au milieu des cailloux réunionnais (je me tâte pour me lancer dans "la diagonale des fous" histoire de me péter définitivement les chevilles - il me reste tout de même auparavant à explorer le fameux sentier du Gol mais arrêtons-là les messages perso, on a quatorze chroniques de retard), il est bon de se saisir d'un bon polar contemporain avec des crimes plus vicieux et sanglants les uns que les autres (Jurek est un pervers du mal, mais son nouvel assistant est un vrai fou furieux capable de te déchiqueter un cadavre avec un simple cure-dent : c'est l'horreur même, ce type, c'est affreusement gore et bon). Oui Kepler et Kepler semblent reprendre la même recette que Désaxés et on ressent en effet rapidement comme un petit air de déjà vu. Malgré tout, grâce à cette syntaxe et cette construction toujours aussi fluide (une phrase, un paragraphe : c'est diablement efficace), grâce à ces putains de chapitres relativement courts et coupés au milieu (ça donne forcément envie d'en lire encore un autre, un dernier allez, pour la route, puis un autre - c'est pire qu'un Ricard siroté en bord de mer), on est vite happé par cette course poursuite entre les bons flics qui tremblent 24h/24 pour leurs proches, leurs collègues (et il y a de quoi : quand on cligne des yeux une demi-seconde de trop, on découvre soudainement son pote flic tout gaillard une seconde avant avec une hache entre les deux yeux : ça va, tu tiens plus sur tes jambes on dirait ?) et cet émissaire du diable assisté par un malade de la cruauté (il te déchiquète un cadavre avec le même acharnement qu'un Zemmour se vautre dans ses idées nauséabondes - et il en est fier de son comportement, tout autant, incapable de voir où le bât blesse ; écraser la tête de sa victime après lui avoir arraché la colonne vertébrale avec les dents, est-ce vraiment utile ?). Au bout de deux cents pages, on a besoin de sa dose quotidienne de Kepler comme un drogué de la marche d'air pur, un fou des pitons rocheux de cailloux. Gols l'a dit, dès qu'on souffle pour un individu mis à l’abri provisoirement, un autre est menacé, est annihilé, avant que celui qu'on pensait justement en sécurité deviennent une nouvelle proie, une nouvelle victime - tous les personnages principaux semblent vouer à recevoir leur dose de coups dans la tronche, de bleus, de souffrance, de torture et on se croirait presque revenu au bon temps d’un Jack Bauer où il faut être capable d'arrêter les balles avec les dents pour avoir une petite chance de survivre. Le combat est saignant, atroce, turpide, infernal, et la fin (le duel final sur les toits) sonne comme un soulagement - tout en sachant, une fois achevé la dernière page, qu'un monstre reste dans la nature et qu'il reste encore un ou deux personnages principaux à mettre à mort. Lazare, le polar qui ressuscite le gore et l'enquête policière visqueuse. Kepler et Kepler nous en reprendrons, fatalement. (Shang 20/10/19)

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