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22 mai 2018

LIVRE : A l'Aube de Philippe Djian - 2018

9782070143214,0-4922820Djian nous pond tous les ans ses 200 pages, mais à tout prendre on préférerait qu'il en prenne deux pour nous en filer 400. Car au vu de cette cuvée 2018 aussi oubliable que le numéro de portable de Patrick Sébastien, on est en droit de douter de la nécessité de rendre sa copie à intervalles si réguliers. A l'Aube se lit facilement, voyez-vous, il est agréable et amusant, et il vous laissera à peu près autant de souvenirs qu'un plat de pâtes au beurre. On n'a même pas, cette fois, les habituels gadgets de style qui vous gardent les yeux ouverts, hop on enlève les points d'interrogation, hop on fait un truc sans paragraphe, hop tiens si on répétait toutes les phrases deux fois. Ce livre-là condense tout ce que Djian a découvert ces dernières années façon poule devant un mégot, et vous les ressert façon compil à travers une tramette sans intérêt et à peu près invraisemblable. Adieu donc la ponctuation, adieu l'idée de paragraphes, puisque ces trucs-là semblent hyper-embêtants à Djian ; et bonjour à ce travail laborieux sur la langue, qui, à force, finit par tirer à la ligne. On se disait que les tics d'écriture du gars étaient des expériences qu'il fallait tenter, hein, on fermait les yeux sur leur puérilité un peu romantique ; mais non : Djian a l'air d'y tenir, s'accroche à ces petits bidules formels ridicules, même les moins probants (à quoi bon supprimer les points d'interrogation ? à quoi ça sert ? qu'est-ce que que ça peut bien vouloir prouver ?). On se dit qu'il ferait aussi bien d'utiliser son temps à nous trousser un vrai style, à réfléchir enfin sur la nécessité de ses trouvailles, à reconquérir quelque chose qu'il avait trouvé dans les années 80. Même si on doit retrouver les points d'interrogation, on est pas regardants. 

Les trames ont peu d'importance chez Djian, ok, mais n'empêche qu'elles sont quand même plus ou moins bien fichues. Ici : voici Joan, prostituée de luxe à ses heures, qui vient de perdre papa-maman dans un accident de voiture. Elle retrouve donc la demeure familiale et son frère autiste, et aussi quelques emmerdes, comme un type qui recherche un magot ou une femme vénéneuse qui s'impose dans ce duo. Voilà, bon. Les pistes polardeuses sont bien vite abandonnées par le roman, qui n'en mène aucune au bout, qui laisse tout en chantier, pour se concentrer sur cette héroïne bien d'aujourd'hui et bien djiannesque, femme forte ancrée dans la vie, responsable de sa sexualité, de son corps, un peu paumée dans sa vie mais qui s'en sort en décapsulant une bière dans le soleil couchant. Plus le roman avance, plus on se dit que cette histoire est vraiment un peu tirée par les cheveux, avec ses personnages secondaires sans épaisseur (un shérif peu regardant sur la justice, un "gangster" qui quittera le roman à mi-chemin sans autre forme de procès, une collègue de boulot un peu faire-valoir). Certes, on lit ça sans déplaisir, parce que c'est raconté de façon assez fluide, avec un bon sens du rythme, parce que c'est dialogué assez joliment. Mais on se tape un peu de ces petites vies, tout comme Djian a l'air de s'en taper, qui écrit semble-t-il entre deux bus. La fin, absolument ridicule, finit de nous convaincre qu'on est là face à un minuscule livre, et on se dit que c'est pas le premier de Djian à être mineur, et qu'il va peut-être falloir qu'il se sorte les doigts pour se repencher un peu sur la littérature. (Gols 14/04/18)


a-l-aubeAprès une brève trêve lecturesque (je ne sais pas ce qui m'a pris, j'en ai même pas profité pour apprendre à jouer au base-ball ou à passer le permis...), me revoilà en selle avec la dernière mouture de l'ami Djian. Pas mieux que mon camarade ci-dessus, cet opus s'avère être une parfaite lecture de plage (ici c'est tout le temps la saison, certes), le genre de bouquin que l'on peut quitter à chaque ligne pour reluquer un sous-vêtement mobile ou une tortue venue pondre. Une call-girl, un autiste, un vieux couple de hippie ayant dissimulé un magot avant leur mort, Almodovar en aurait fait un mauvais film, Djian en fait un livre médiocre. Oui, notre auteur favori il y a quarante ans (ça file dru) aime à se mettre once again dans la peau d'une femme pour jeter un oeil un rien cynique sur les hommes qui passent (trois lignes tout de même positives sur la gent masculine que je ne vous citerai pas pour autant) ; mous du bulbe ou vénaux, ils peuvent heureusement s'avérer être de bons baiseurs ; les mous du chibre ont moins de chance. Hormis ces quelques informations philosophiques, on apprend quand même plus de trucs sur le climat de la côte est américaine ("les arbres qui brillent comme des médailles" c'est du recyclage, on est d'accord ?) que sur la nature humaine (tenter de plaire, aimer mal et courir vers la tombe)... Même si la vie est une chienne, Djian tentait jusque-là toujours de positiver un minimum (une gorgée de bière ou une cuite, un plan cul ou un coucher de soleil par une nuit d'Idumée) mais il semble ici se faire un point d'honneur à vouloir tout foutre en l'air - quoi de mieux pour mettre fin à la déprime que le suicide : il va en vendre 12 containers en Chine. Oui, non, ça se lit aussi facilement que la recette des barquettes Lu à la fraise mais l'écriture est aussi fade que la génoise - même pas une pauvre punchline rigolote sortie de nulle part. Une œuvre écrite dans une maison de retraite littéraire, un gun sur la tempe. Allez Philou, tout n'est pas mort, il te reste des cheveux sur la tête et sûrement quelques grammes d'humour... Moi, j'y crois. Sinon je vais me retaper Lent dehors. (Shang 22/05/18)

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