LIVRE : Un Curé d'Enfer (Helvedesproesten og andre skrøner) de Jørn Riel - 1996

Une petite fournée de contes arctiques, c'est toujours bon pour le moral ; on repart dans le Nord-Est du Groenland pour retrouver notre troupe de chasseurs - et de buveurs - fous furieux - "Ils étaient, comme tous les individus de leur espèce gagneraient à l'être, modérément sociables et aussi éloignés des sociétés d'abeilles et de fourmis qu'un éléphant du virus de la grippe asiatique." (Mads Madsen, William le Noir, Valfred, Bjørken... rien que l'évocation de leur nom, en repensant à certaines histoires, suffit à me faire marrer) pour sept histoires sortant de l'ordinaire : ce recueil traite de sujets aussi divers que le voyage d'un cadavre (le plus exubérant...), d'un chien qui a perdu sa queue (le plus touchant, j'aime beaucoup les bêêêtes mais je l'ai déjà dit dans l'article précédent, c'est vrai...), d'un con de serpent et de son compagnon mythomane (le plus tragique...), d'un nouvel arrivant tout complexé qui va trouver sa voie (le plus optimiste), de littérature (le plus fendant), d'une puce errante (le plus pugnace) et enfin d'un curé anti-alcoolique qui va finir par payer son combat au prix fort... On se demande toujours ce qu'il peut bien se passer d'extraordinaire dans cette contrée où les deux occupations principales restent la chasse (mais ça va deux minutes de poser des pièges ou de tirer sur un boeuf) et la consommation d'eau-de-vie locale. Eh bien, il faut pourtant se rendre à l'évidence, on est jamais à l'abri d'une histoire rocambolesque : difficile d'imaginer comment on pourrait finir par bouffer son crayon - l'un des seuls du pays... - ou dans le ventre d'un boa dans cette contrée des plus paisibles en apparence... Et pourtant, tout est possible, oui, tout, mon ami... Toujours autant de solidarité, en ces pages savoureuses, entre nos hommes, qui ont forcément tendance à chambrer tout individu débarquant ; faut reconnaître qu'ils accueillent tout de même des perles dont le destin, en ces terres, ne peut être autre que tragique... Tragique, mais souvent drolatique, c'est là toute la magie d'un recueil de Riel - indéniablement en grande forme.