LIVRE : Fortune de Joseph Conrad (1990 pour la traduction)

Conrad est un demi-Dieu dans la construction de ses ouvrages. Ce récit où il retrace la destinée de la jeune Flora de Barral est une imbrication de folie par rapport aux personnes qui l'ont rencontrée. Si Marlow, le principal narrateur (un tantinet misogyne, il faut le dire...) a une mémoire de folie (se rappeler un dialogue ok mais 50 pages de dialogues. c'est du lourd!), on prend plaisir à suivre cette reconstitution sans savoir vraiment où Conrad veut nous mener. On pense s'embarquer tranquille dans une aventure maritime sur le Fortune mais le personnage principal phagocyte complétement l'intrigue et on se retrouve dans une histoire d'amour plutôt tiède entre une jeune fille un peu tendre, obsédée par les déboires de son père (brillant arnaqueur qui passe des années en prison), et le capitaine Roderick Anthony, personnage un peu lourdaud mais persévérant. Jusqu'au bout, on est dans une tension dramatique extrême sans qu'aucun drame ne survienne et il faut les dernières pages pour que s'éclairent tous les hasards des rencontres et se résolvent gentiment les relations entre les personnages.

Du Conrad pur jus, avec quelques phrases lapidaires (oui bon, j'ai pas d'exemples... la flemme) sur la psychologie des personnages qui laissent pantois, et donnent envie de s'engager pour d'autres traversées humaines. Ca tombe bien, j'ai encore deux-trois merveilles à découvrir sur mon étagère .