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8 octobre 2010

LIVRE : Typhon (Typhoon) de Joseph Conrad - 1918

TyphonUn Capitaine de navire silencieux et plutôt serein qui va faire face à la pire tempête de sa vie : "sur le pont" on s'attend à ce que cela chahute méchamment. Conrad nous décrit par le menu le caractère de ces différents hommes qui cohabitent sur le navire et leurs antagonismes, et on se cale dans son fauteuil en attendant le premier grain. Quand il arrive, on a déjà enfilé son ciré : "Ce fut je ne sais quoi de formidable et de prompt, pareil à l'éclatement soudain du grand vase de la Colère. L'explosion enveloppa le navire avec un jaillissement tel qu'il sembla que quelque immense digue venait d'être crevée à l'avant. Chaque homme aussitôt perdit contact. Car tel est le pouvoir désagrégeant des grands souffles : il isole. Un tremblement de terre, un éboulement, une avalanche s'attaque à l'homme incidemment pour ainsi dire et sans colère. L'ouragan, lui, s'en prend à chacun comme à son ennemi personnel, tâche de l'intimider, à le ligoter membre à membre, met en déroute sa vertu". Alors que le Capitaine se retrouve comme un seul homme face à cette tempête qu'il décide de subir frontalement, c'est peut-être dans les entrailles du navire que l'on prend le plus conscience de cet enfer... marin. Une cargaison de Chinois, ballotés d'un bord à l'autre et se déchirant les uns les autres pour remettre la main sur leurs économies, paraît la première victime de cette aventure "toute intérieure". Si les éléments naturels se déchaînent en surface, ridiculisant ces hommes impuissants face à ce déluge biblique, cet épisode infernal qui se joue en soute dresse un portrait sauvage pour ne pas dire bestial d'une humanité avide et autodestructrice. De façon quasi-miraculeuse, nos pauvres Chinois sortiront indemnes de cette aventure ("Ils avaient enduré de quoi arracher l'âme à un blanc. Mais on dit que les Chinois n'ont pas d'âme. En tout cas, ce qu'ils ont à la  place est fichtrement résistant !") mais on gardera en tête cette violence humaine qui s'est déchainée le temps de cette traversée maudite, dépassant d'une certaine façon la violence de ce typhon. "Il y a des choses, voyez-vous, que l'on ne trouve pas dans les livres" - c'est bien ce qui fait, une fois de plus, de Conrad un écrivain unique.

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