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29 janvier 2012

LIVRE : Jeunesse (Youth) de Joseph Conrad - 1925

imagesToujours un petit bonheur de relire ce court récit du sieur Joseph nous contant les mésaventures de jeunesse du gars Marlowe. Entre deux verres, celui-ci raconte dans quelles conditions hallucinantes s'est déroulée sa première traversée en bateau vers le "magique Orient" ; le bateau est en fait un rafiot tout pourri qui va avoir le don de se retrouver pris dans les tempêtes. La "Judée" ("Vaincre ou périr", cela ne s'invente pas) va enquiller les avanies et les journées de réparation mais le Marlowe ne va jamais désespérer et croiser les doigts jusqu'au bout pour parvenir jusqu'à Bangkok... Même quand le chargement du bateau (du charbon) commencera à prendre feu en pleine mer et provoquera une nouvelle série de catastrophes à bord du navire, notre jeune marin gardera la foi : l'insouciance de la jeunesse, le charme de la vie en pleine mer, l'excitation d'un ailleurs, la volonté de se battre contre les éléments, contre le destin... Conrad décrit toute la fougue et la passion de ce jeune aventurier qui fait ses premières armes comme lieutenant sous les ordres de deux vieux loups de mer (même s'il s'agit pour le Capitaine du tout premier commandement). Malgré la grande différence d'âge entre les hommes qui sont en charge du navire, la motivation et la pugnacité restent la même : ne quitter le navire qu'en tout dernier, mais alors vraiment tout dernier, ressort - c'est po une croisière moderne, messieurs-dames, un autre état d'esprit, bah ouais, une autre époque... Le commandant et son second ont le poil hirsute et le caractère bien trempé mais on finit par s'attacher aux deux bougres grâce aux descriptions toujours pleines d'empathie du narrateur.

Marlowe aura sa dose d'aventures et de mésaventures (il risque une bonne demi-douzaine de fois d'y passer) mais il garde en lui cette énergie - et cette innocence... - de la jeunesse où les instants les plus périlleux paraissent souvent, stupidement, les plus merveilleux... On se coltine à la vie, quoi. Conrad nous mitonne à ce sujet quelques phrases pleines d'un... comment dire... "lyrisme lucide" - je fais des essais parfois... : "Je me souviens des visages tirés, des silhouettes abattues de mes deux hommes, et je me souviens de ma jeunesse et du sentiment qui ne reviendra plus jamais - le sentiment que je pourrais durer à jamais, survivre à la mer, à la terre, à l'humanité ; ce sentiment trompeur qui nous attire fallacieusement vers les joies, les périls, l'amour, les vains efforts - vers la mort ; la conviction triomphante de la force, la chaleur de la vie dans une poignée de poussière, l'ardeur au cœur qui chaque année s'affaiblit, se refroidit, diminue et s'éteint - s'éteint trop tôt, trop tôt - avant la vie elle-même". Voilà, yo !!!!!!! , ça fait du bien. Du concentré de Conrad, que du bonheur, je sens encore les embruns.    

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