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24 février 2024

LIVRE : Il y a quand même dans la Rue des Gens qui passent de Robert Bober - 2023

il-y-a-quand-meme-dans-la-rue-des-gens-qui-passentJ'aime décidément beaucoup Robert Bober (dont j'ai lu les trois dernières œuvres comme des petits pains) et ce pour une bonne et simple raison : voilà un homme qui aime à tendre des fils... des fils, me questionnerez-vous ? Oui des fils avec le passé, celui qu'il ene de tisser notamment avec toutes ces personnes disparues précocement, des juifs pour l'essentiel, pendant la guerre, des fils avec ses propres œuvres du passé, des fils avec les gens qu'il connut, qu'il perdit (de Pierre Dumayet à Georges Perec) et auxquels il continue de s'adresser, des fils entre les hasards de la vie (et étonnamment (pour ne pas dire "miraculeusement") tissant par-là même avec le lecteur des fils inattendus : j'ai notamment découvert le Robert parce qu'il travailla sur Jules et Jim et je découvre au fil de la lecture de multiples intérêts communs (qu'il s'agisse de Pérec dont il fut un proche, donc, mais aussi pléthore d'autres écrivains qu'il filma pour la télé en son temps) je vois bien que dorénavant il m'adresse carrément des clins d’œil personnels (quand il parle du musée Toulouse-Lautrec à Albi, mais oui, forcément, je vois bien l'allusion...)... J'exagère ? Eh bien pas temps que cela tant il est capable lui-même, de fil en aiguille, d'histoire (littéraire ou personnel) en anecdotes, de nous montrer que tout est forcément relié, que chaque souvenir finit par trouver sa place dans le monde contemporain, par hanter chaque lieu. On pourrait se pencher plus en détails sur tel ou tel personnage (son pote d'enfance disparu trop tôt ou encore et toujours Truffaut), sur tel ou tel événement historique (les rafles dans le quartier du magasin de chaussure de ses parents qu'une plaque finit par commémorer), sur tel ou tel ouvrage qu'il cite tant et plus (et qu'il donne envie de lire, de découvrir... et hop, un Frank Conroy dans l'escarcelle... histoire de continuer personnellement ce chainon entre les écrivains), mais ce serait finalement presque dévoyé le plaisir que l'on prend à la lecture de cette oeuvre où Bober parvient toujours avec une belle subtilité à tisser des ponts entre les êtres, entre les époques, entre les cultures, tel un modeste Modiano ou Kiarostami (je cite ces deux-là en particulier tant ici Bober se penche sur le rôle, le sens, le poids des photographies...). Immortel Bober, definitely, dont on savourera avec la même petite pointe d'émotion les douze futurs ouvrages (non, c'est dit, celui-ci ne sera pas le dernier, et qu'il ne s'avise point de me faire point mentir). Bober, toujours à la pointe.

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