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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 février 2024

Terrifier de Damien Leone - 2017

Sans titre

Sainement crétin et fier de l'être, Terrifier arrive comme une excellente nouvelle dans le paysage usé jusqu'à la corde du film gore. Tout ce que les réalisateurs d'horreur d'aujourd'hui se targuent d'être (intello, méta, super habiles, sophistiqués, féministes ou malins), Damien Leone se vante de ne pas l'être ; et il réussit du coup un film premier degré qui réjouit, débarrassé de tous les oripeaux qui trompent l'ennui dans ceux de ses confrères. Un clown tue l'intégralité de la distribution. Voilà tout ce qu'on peut dire du scénario, frontal et binaire, qui n'existe que pour donner du liant aux meurtres de notre psychopathe de service. Pas d'explication psychologique foireuse, pas de passé lourdement explicatif, pas de progression particulière de la trame ou de caractère à relever chez les victimes du clown ou chez le clown lui-même : tout n'est que sang, cris, scies rouillées, tripaille, et inventions sadiques pour parvenir à un degré de souffrance et de terreur extrême chez ces jeunes filles servant de viande d'étal. Et le fan d'horreur que je suis l'avoue sans rougir : c'est tout ce qu'on demande.

terrifier-crasseux

Il faut dire que ce personnage de clown blanc, avec sa dentition douteuse et ses yeux noirs, son petit chapeau ridicule et ses mimiques pendables, est une sacrée trouvaille. Il semble bien qu'on ait trouvé là un méchant à la hauteur des grands monstres historiques (Michael Meyers ou Freddy Krueger). Il a un côté ridicule, élément incontournable de toute terreur, et Leone utilise très bien cet aspect : on ne sait jamais trop s'il faut le craindre ou attendre avec gourmandise sa prochaine farce, qui consiste en gros à découper une nana dans le sens de la longueur ou de défoncer le crane d'un gusse à coups d'extincteur. A chaque fois, il a un petit rire craquant, et ça le rend assez terrifiant. Le réalisateur le fait dans toute la première partie travailler sur l'immobilité, la lenteur, et ça aussi est une idée toujours géniale pour insinuer la peur : il y a quelque chose de l’inéluctabilité de la mort qui fonctionne beaucoup mieux chez les tueurs lents que chez les rapides. Et puis côté gore, on est gâté, tant les trouvailles sont légion : tout ce joli petit monde expire dans des conditions atroces, filmées dans le plus simple dispositif, frontalement, directement, sans prendre de gants. On retrouve avec un plaisir certain quelque chose des vieux films d'horreur des années 70 qu'on regardait sur des copies de copies de copies de VHS pourries : un spectacle totalement décomplexé, rigolo et adolescent. Délicieux.

Saddns titre

Commentaires
H
Souvent entendu, le concept de « saine crétinerie » m'a toujours échappé, comme si l'on me parlait de « saine brutalité » ou de « saine avarice ». La bêtise, même revendiquée, est bien assez répandue comme cela. Par ailleurs, cela ne me gêne pas si un film va loin dans la représentation de la violence, à condition que le cinéaste semble le premier* dégoûté ou terrifié (pour reprendre le titre du film ci-dessus commenté) par celle-ci ; dès que l'ultra-violence est censée être fun, cela me révulse. La catharsis, la satire ou le-droit-à la-stylisation-artistique-de-la violence-organique-cf.-Francis-Bacon (tous alibis auxquels le texte de Shangols a pour sa part la décence de ne pas recourir) ont bon dos.<br /> <br /> <br /> <br /> * : en d'autres temps, j'aurais pu justifier la formulation « non inclusive » de cette phrase par le fait que la totalité de l'ultra-violence cinématographique était représentée par des cinéastes hommes ; ce n'est désormais plus leur « privilège », et cela ne me semble nullement une victoire, comme l'apparition de personnages féminins « badass » (chez ces fripouilles de James Cameron, de Luc Besson ou de Tarantino, par exemple) ne m'a nullement semblé un triomphe féministe, tant je détestais déjà cela chez les personnages masculins.
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G
Oups !
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M
Damien Chazelle, vous êtes sûr ?
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