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20 août 2022

LIVRE : Cher Connard de Virginie Despentes - 2022

9782246826514-001-TVirginie Despentes n'a rien perdu de sa verve, de son ton, de sa voix, de sa franchise et de ses punchlines. Elle s'attaque ici à des sujets dans l'air du temps ou pour le moins essentiels en tentant, attention, de faire dans la nuances : oui la drogue peut être destructrice, oui les réseaux sociaux peuvent être à vomir, oui, les machos sont putain de dangereux, oui les féministes ne sont pas toujours très fines, oui la littérature et le cinéma peuvent être de la merde, oui ce monde-machine est absurde... Elle tape tout azimut mais sans chercher à se cacher derrière des idées toutes faites ou des idéaux surfaits... Après un départ qui tombe rapidement dans l'insulte facile entre cette actrice vieillissante et cet écrivain meetooïsé, une discussion va heureusement se nouer : une communication qui va permettre à chacun de rentrer progressivement dans la nuance, dans l'auto-critique, de se découvrir tout simplement ou encore, même, de tenter d'évoluer - de devenir, en un mot comme en cent, tout simplement un peu moins con et de faire de l'empathie une vraie richesse. On n'attendait pas forcément Despentes dans ce ton un brin conciliant... Mais à l'heure où tout le monde s'invective anonymement, à l'heure où chacun campe stupidement sur ses positions, à l'heure où chacun s'enferme dans ses molles certitudes, ce dialogue renouvelé entre homme et femme apporte un petit vent de fraîcheur qui n'est pas à négliger... Si les deux interlocuteurs tentent de décrocher par rapport à leur rapport à la drogue, à l'alcool (tout en essayant de justifier au passage leur addiction), c'est aussi pour tenter d'y voir un peu plus clair dans leur vie mais aussi dans celle des autres. Despentes ne fait pas dans le béni-oui-oui, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, elle tente simplement de prendre sous un angle un peu plus aigu les problèmes actuels : oui les hommes peuvent se révéler de vrais connards dans leur rapport avec les femmes mais il est bien aussi d'en discuter avec eux pour voir où le bât blesse et s'il peuvent prendre conscience de leur connerie (c'est au moins une première piste...), oui les réseaux sociaux peuvent vous exploser à la gueule mais c'est encore un lieu où certaines idées qui ne pouvaient avant s'exprimer peuvent le faire et peuvent influencer bénéfiquement certaines personnes, oui les féministes sont parfois des enragées radicales mais chaque camp possède de tout temps ses cons et ses aveugles, oui la communication plus que l'amour est sans doute à réinventer et ce modeste ouvrage tente d'apporter en ces temps rassis sa petite pierre. On ira pas jusqu'à dire que Despentes réinvente la poudre mais elle essaie tout du moins au travers ses trois correspondants (il y a également une jeune féministe qui en prend plein la gueule sur les réseaux) de montrer qu'il ne faut jamais totalement désespérer de l'être humain : certes la violence anonyme est aujourd'hui partout, certes le patriarcat a encore de beaux jours devant lui, certes la société part un peu à vau l'eau mais rien n'empêche de chercher à tout remettre à plat, de tenter d'écouter l'autre pour devenir un peu moins connard. Un titre champêtre et bucolique pour un bouquin et un terrain où on n'attendait pas forcément le plus Despentes : des prémices d'espoir et de conciliation entre deux genres en guerre.   (Shang - 20/08/22)


13318043On ne saurait mieux dire, et je suis mon camarade dans sa vision de ce petit roman un brin anecdotique dans la carrière en dents de scie de la bougresse. Comme une sorte de "fictionnalisation" de King-Kong Théorie, Cher Connard dresse un état des lieux du féminisme à la Despentes au temps T, c'est-à-dire à l'ère Metoo, réseaux sociaux et influenceuses à tout va. On se dit qu'elle aurait mieux fait de rester dans l'essai, tant son bouquin ne tient pas le coup au niveau de la trame : il ne se passe rien là-dedans, aucune progression, aucune construction. Despentes se contente d'afficher ses théories, qui ont changé depuis son fameux essai, par la voix d'une actrice vieillissante, sorte de mix entre elle-même et Béatrice Dalle pourrait-on penser. La fiction lui permet toutefois de se mettre également à la place d'un homme, et c'est une bonne chose : à force de clamer son amour pour Solanas, on avait peur qu'elle ne vienne nous couper les glaouis un soir de pleine lune en invoquant Simone Veil, on est rassuré. Elle se montre étonnamment empathique avec ce pauvre type, harceleur sans s'en rendre compte, ancien addict revenu de tout (le livre est aussi un essai assez touchant sur les drogues et l'alcool). La fiction lui permet aussi de reprendre la parole sous la forme d'une jeune activiste, et de retrouver un peu de la violence qui caractérisait son féminisme passé. Mais le personnage le plus intéressant reste cette Rebecca, ancienne punk radicale à l'orée de la cinquantaine, qui constate son propre assagissement et l'arrivée d'une modération salutaire dans ses opinions. Une Despentes plus douce se fait jour, et si on regrette les provocations d'avant, on apprécie pour autant la métamorphose de la radicale en femme mûre, et on apprécie toujours autant ses pensées sur le monde actuel, les hommes et les femmes, les médias, les excès et le sexe. Tout ça reste bien gentil, le livre ne secouera pas le cocotier comme l'avait fait son grand frère king-konguesque, mais ça demeure une lecture agréable... bien loin du chef-d’œuvre clamé partout.   (Gols - 20/08/22)

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