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28 décembre 2015

LIVRE : Vernon Subutex II de Virginie Despentes - 2015

9782246857365,0-2547866Despentes nous avait laissés en plan avec son Vernon partant en sucette ; revoilà notre héros pour une nouvelle virée rock'n rollo-parisienno-littéraire du meilleur effet. Moins de "riffs" sonores qu'au premier tome, moins de solos virtuoses, moins de maîtrise peut-être même, on sent que ce tome-ci a été plus vite produit que le premier ; mais n'empêche : on perd en fulgurance ce qu'on gagne en intelligence, et ce nouvel opus redistribue très habilement les cartes entre les personnages, et débouche sur des pistes qu'on n'attendait pas.

Le tome 1 était celui de la dissolution : à partir de la mort de ce chanteur de rock mythique, Despentes orchestrait la fin d'une époque (le rock, donc), la fin d'une communauté, la fin des amitiés. Ces nouvelles aventures vont faire l'inverse : autour de la figure centrale d'un Vernon Subutex mythifié en clochard céleste, la quinzaine de personnages va se rassembler pour recréer une sorte de communauté. En gros, Vernon Subutex 1 était destroy, Vernon Subutex 2 est utopique. On ne pensait pas que le bulldozer Despentes avait en elle une telle tendance à l'optimisme : sur les ruines de ces amitiés défuntes, elle monte un nouveau bâtiment, fait de nostalgies certes, mais surtout fait d'un espoir dans une entente tacite entre des gusses qui ont vécu la même chose. Les années 80 et 90 se rassemblent autour de l'arbre qui abrite Subutex : le grunge, le cinéma porno, le cinéma d'auteur, la littérature bis, la violence et la révolution. La construction du livre tend toujours à la séparation des êtres : chaque chapitre s'intéresse à un personnage différent, qui en amène un autre par le système des poupées russes, et chaque personnage semble autonome, avec son destin propre, sa façon de se désolidariser du groupe. Et pourtant, quelque chose, un élan général du livre, semble s'opposer à cette dispersion. La grande idée, c'est d'avoir fait de Subutex un laissé-pour-compte, chose inadmissible pour ceux qui ont croisé sa route et vibré aux mêmes chansons (le gars était un disquaire légendaire) : c'est donc avec espoir que Despentes montre que, même si le rock est mort, quelque chose résiste encore chez ces cinquantenaires abattus. Si on touche à l'état d'esprit de leur époque, représenté par Vernon, ils se révoltent, point. C'est très beau de voir comment chacun, malgré qu'il en ait, se retrouve aux côté du héros dans des parcs, juste pour passer du temps ; et transmet également une sorte de fougue à la jeune génération, représentée par une poignée de personnages révoltés et violents dont Despentes avait le secret aux temps de Baise-moi.

Un livre de vieux con, alors ? Que nenni. Parce que Despentes a ce sens de l'écriture hyper-moderne, qui vient heurter le bon goût de la grammaire farnçaise de qualité, parce que ses personnages sont bien plantés dans cette époque, n'y sont d'ailleurs pas si mal, et que l'auteur appréhende le monde d'aujourd'hui avec distance mais avec amour. Ça peut paraître ringard, mais Despentes a un regard très bienveillant sur la faune qui peuple ses livres, qu'ils soient skinheads, star du porno, scénariste raté ou producteur véreux. Le livre est curieusement humaniste sous son faux cynisme, en tout cas très humain : on sent derrière les éructations punkoides une réelle tristesse, un tourment même, appelons les choses par leur nom. En tout cas, ça n'empêche pas le livre d'être drôle, provocateur et fun, avec ce grand sens de la narration, cette causticité trash, ce rythme superbe tout au long de la chose (moins de longueurs que sur le premier opus, d'ailleurs). Bref : envoyez le tome 3 quand vous voulez. (Gols 07/07/15)


Un deuxième tome sans doute un peu moins fracassant qui délaisse encore plus volontiers un Vernon de plus en plus « dans son monde » pour nous conter les mésaventures des caractères secondaires. Il est surtout question du « pay back time » d’un producteur "strausskanien" ou encore de la difficulté pour l’un des personnages de rompre avec des crétins fachos… Ce qui se trame, surtout, en toile de fond, c’est la constitution d’une sorte de « communauté » autour de Vernon Subutex et de deux-trois amis clodos. Après avoir évoqué les réseaux sociaux virtuels permettant de mettre en lien les « amis de Vernon », l’écrivaine décrit le besoin pour tous ses individus de se retrouver « concrètement », quasi quotidiennement, autour de la figure « mythique » de Vernon. Si ce dernier, disais-je, est de plus en plus à l’ouest, il est capable de mettre en émoi tout ce petit monde lors de soirées spéciales en jouant les DJ. Ni Dieu ni maître, si ce n’est la musique… C’est la seule véritable chose, au-delà des liens avec Subutex, qui met tout le monde d’accord. Après les rencontres dans les parcs, puis les soirées dans des cafés, sont même organisés de longs séjours en province : Vernon, exclus de la société, créé presque malgré lui, une nouvelle société où les gens, sans ordi ni portable, se parlent, s’apprivoisent, se confient, se rencontrent - un luxe en notre époque wifisée… L’écriture de Despentes sait toujours se faire aussi tranchante et drôle pour évoquer ces petits mondes gays, friqués, fachos, clodos, tatoués. Un deuxième tome un peu plus « peace and love » (malgré les règlements de compte parfois tragiques et un Vernon Subutex de plus en plus largué). Vivement le troisième tome ? Pour sûr. (Shang 28/12/15

Commentaires
M
j'avis peur que le 2 soit encore plus destroy , vous me rassurez . Le 1 j'ai vraiment beaucoup aimé mais il fallait avoir le coeur bien accroché quand même !
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