LIVRE : Musée Marilyn de Anne Savelli - 2022

Pour les soixante ans de la mort de la belle, les livres vont encore se bousculer... Qu'est-ce qui n'a pas encore été dit sur l'éternelle blonde platine morte prématurément ? Savelli trouve un angle pour le moins original, si on veut, puisqu'elle tente de nous faire découvrir le personnage à travers toutes les séances-photos qu'elle accorda au cours de sa vie. Pas une mince affaire... Savelli, sans aucune illustration (les plus frustrés devront faire eux-mêmes leur recherche s'ils le souhaitent), évoque donc la bombe Marilyn de ses débuts (alors même qu'elle travaillait dans une usine d'armement) à sa toute fin (les divers photographes tous persuadés d'avoir fait "la dernière séance"). Pour nous rendre compte de ce parcours photo, Savelli nous fait visiter une sorte de musée virtuelle de la belle... Un concept un peu artificiel qui s'émousse malheureusement assez vite... Reste donc, tout de même, dans un style qui tend un peu trop parfois au style télégraphique (on est plus dans la description que dans la psychologie pour être franc), l'évocation de ces multiples mises en scènes qui firent apparaître la comédienne sous toutes les coutures... Aucun doute sur le fait, après cette lecture, que vous connaîtrez par coeur tous les photographes (certains nouant avec la star une véritable amitié au cours des années) qui ont tenté chacun à leur façon (même si le maillot de bain deux pièces fut bizarrement souvent privilégié...) de tirer partie de la photogénie de notre blonde favorite (si l'on fait l'impasse sur la bière, of course). C'est parfaitement et précisément documenté, on sent que Savelli a fait son maximum au cours de ses sept années (forcément) de recherche pour produire quelque chose d'exhaustif... Malheureusement, c'est la plus grande réserve, on en apprend finalement souvent plus sur les photographes eux-mêmes que sur quelconques traits de personnalité de la star... Certes, Marilyn guide parfois les photographes, sait comment se mettre en scène mais on peut regretter que Savelli ne creuse pas beaucoup en dessous de la surface de papier glacé... On sent certes que la comédienne, que la femme évolue au fil du temps, qu'en fonction des hauts et des bas de sa carrière, la Marilyn apprend parfaitement à gérer son image, à créer l'envie ; unfortunately, Savelli a plus tendance à accumuler les chapitres sur ces quinze mille séances qu'à chercher parfois à deviner tout ce qui se cachait derrière le beau jeu un peu forcené des apparences - il y a parfois des tentatives pour tenter quelques annotations personnelles mais elles demeurent trop insuffisantes. Du coup cette visite, même si elle rappelle quelques-uns des instants de gloire ou de perdition (le tournage des Misfits très joliment traité) de la comédienne, laisse un peu sur sa faim. Une tentative originale dans l'idée qui nous perd un brin dans ce dédale de salles dédiées plus aux apparences qu'aux véritables tourments traumatiques. Seuls les fans prendront véritablement plaisir à avoir le ticket...