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Shangols
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8 mars 2019

Mischka (2002) de Jean-François Stévenin

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Voilà longtemps que je voulais découvrir cette œuvre du gars Stévenin, individu sympathique s'il en est (il était dans La Nuit américaine et il aime Cassavetes, ce sont des signes qui ne trompent pas). Bien. Le constat est clair : Mischka est ce que l'on est en droit d'appeler un film de "bande", voire un film de "tribu", Stévenin conviant non seulement tous les membres de sa famille mais aussi ce que l'on devine être des proches (en guest star Johnny Halliday qui n'apporte absolument rien à la chose, mais bon, avoir Johnny dans son film, hein, ça le rend tout de suite plus cool, voyez). Le pitch ? S'il fallait absolument en donner un, on pourrait dire que Stévenin semble particulièrement s'intéresser aux familles éclatées, décomposées, qui, au hasard des voyages, vont se recroiser, se reformer... ou pas - ben oui, parce qu'en route on fait aussi des rencontres qui peuvent changer la vie... On sent que le cinéaste a un cœur gros comme ça, voudrait raconter la trajectoire d'une bonne douzaine d'individus, souhaiterait tous leur donner du poids, une consistance, un rôle... Seulement, on connaît l'adage, qui trop embrasse, mal étreint et même si l'on se doit de reconnaître au film une énergie évidente, un désir évident de filmer ces petites gens à hauteur d'homme, de cerner leurs fêlures et de capter la petite émotion touchante que l'on peut glaner dans leur regard (de façon un peu trop systématique et attendue...), l'ensemble demeure tout de même terriblement foutraque et haché...

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A force de vouloir multiplier ou brouiller les pistes, on a bien du mal à vraiment s'attacher à l'un ou l'autre de ces individus sur la tangente : entre ce pauvre Jean-Paul Roussillon si perdu qu'on pourrait penser que Stévenin l'a sorti de sa maison de retraite et drogué (non, non, Jean-Paul, c'est pas une caméra, c'est un appareil photo, vas-y, ne fais rien, c'est parfait), Jean-François Stévenin en type super énervé au bord de la crise de nerfs, solitaire au cœur tendre (Bohringer était en cure), Rona Hartner en total free-lance (cela évite d'écrire des dialogues mais on comprend quand même pas trop où elle veut en venir en parlant toujours super vite alors que personne n'est pressé) ou encore ce pauvre Jean-Paul Bonnaire totalement à la masse, il faut reconnaître qu'on a droit à une belle équipe de bras-cassés ; ça change, indéniablement, de ces héros d'un bloc, droits dans leurs bottes et ce n'est pas la moindre des qualités de ce film s’intéressant à ces marginaux filmés "à fleur de peau"... Malheureusement, reconnaissons aussi que par manque de rebondissements, de scènes fortes, notre esprit a quelque peu tendance à décrocher en cours de route (putain, ils vont finir par la faire rouler cette bagnole, qu'ils arrivent enfin au camping, nom de Dieu !). Bref, une œuvre éclatée, anarchique qui part à dessein à hue et à dia, un véritable ovni en soi dans la production française habituelle... dommage simplement qu'à force de trop s'éparpiller, le film perde un peu l’attention du spectateur en route...   (Shang - 13/10/16)

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Le talent indéniable de Stévenin s'est malheureusement un peu évaporé avec le temps, et ce film est son plus faible, recopiant parfois péniblement ce qui a fait sa gloire (la liberté, la tendresse pour les personnages, la beauté des situations, le montage en petites vignettes très courtes), mais en en retrouvant la grâce qu'à de rares moments. D'accord avec tout ce qu'en dit mon camarade qui, hélas, a commencé par celui-ci : à force de vouloir à tout prix retrouver la liberté qu'il avait trouvé dans ses autres films, Stévenin s'égare en chemin, et peine à donner de la consistance à ses personnages pourtant originaux. Il faut vraiment le grand talent de certains (Roussillon est très bien, notamment) pour arriver à trouver quelque chose à camper dans ces ombres drolatico-pathétiques, tous handicapés de la vie, mais tous beaucoup trop excessifs pour vraiment convaincre. D'autant que cette fois-ci, Stévenin tombe plus souvent qu'à son tour dans le bon sentiment : petite musique qui va bien dans les moments émouvants, tendance au mélodrame un peu épais, poésie surrannée qui plombe beaucoup de scènes ; et jusqu'à la thématique, appuyée, de cette famille recomposée au scotch qui tend à prouver qu'on peut très bien choisir sa famille et abandonner la sienne : discours politiquement incorrect et plutôt salutaire, mais que le film transforme en une petite poésie gentillette qui ne mène pas loin.

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Alors, oui, il y a toujours ce ton très personnel, ces dialogues étranges, ces personnages farfelus, ces situations incongrues (un homme en robe de chambre abandonné sur une aire d'autoroute par sa famille, Johnny qui débarque en plein champ avec son hélico, une ado en fugue qui se redécouvre une famille d'emprunt), cette totale liberté de ton qui reste attachante. On voit bien la personnalité de Stévenin dans le truc, on devine derrière les poses d'auteur la détresse et la solitude de l'auteur, son regard en profonde empathie avec ces déclassés, un très beau caractère tout d'humanisme. De temps en temps, le compère retrouve quelque chose de ce qui a fait la beauté de Passe Montagne ou Double Messieurs : un mouvement de caméra discret mais ample, un regard sur un enfant, un plan qui s'attarde pour montrer tel personnage plus profondément, un côté foutraque qui à certains moments fonctionne encore très bien. Mais il faut croire que les moyens et l'abus de production nuit au cinéma de Stévenin : quand il était libéré des contraintes financières, il était mille fois plus libre et original. Mischka conserve encore beaucoup de poésie et de personnalité, mais il était sûrement temps que le gars arrête là sa carrière de réalisateur ; il y a des cinéastes d'un seul film.   (Gols - 08/03/19)

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Commentaires
H
'Passe montagne' et 'Double messieurs', c'était souvent épatant, mais 'Mischka' est en effet beaucoup plus faible, péchant par complaisance (à la tribu, au style fantasque, etc.). Et puis Rona Hartner y joue, je l'ai toujours trouvée pénible car elle-même auto-complaisante. Tandis que Jacques Villeret dans 'Passe montagne' était formidable... (Il faut dire que Villeret a même réussi à rendre un film de Lelouch très attachant : 'Robert et Robert', d'autant qu'il y faisait duo avec un autre excellent acteur hors norme, Charles Denner.)
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T
"le gars Stévenin était dans La Nuit américaine [...] ce sont des signes qui ne trompent pas"<br /> <br /> <br /> <br /> En effet. Je passe mon tour, donc.
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