Overlord de Julius Avery - 2018

Si vous êtes bien luné, si vous êtes apte à regarder un divertissement sans enjeu mais efficace, si vous fermez les yeux sur les acteurs, si vous acceptez que la débilité soit une qualité pour un film d'action samedisoiresque, si vous avez décidé de faire une pause entre un Oliveira et un Grandrieux, si la vue d'un type au visage ouvert en deux vous fait plus marrer que lever les yeux au ciel, si ça ne vous dérange pas de voir les horreurs du débarquement américain en Normandie détournées pour construire un film de genre bas du front, si vous aimez les variations de tons et passer d'un film de guerre à une comédie à un film d'horreur sans préavis, si vous vous demandez bien ce que devient le fils de Kurt Russell, si le dialogue n'est pas votre priorité pour ce soir, si votre esprit réclame de la légèreté voire de l'assoupissement hébété, si vous êtes plus G.I. que nazi et admettez qu'on vous impose cette conception en filmant les premiers comme des héros débrouillards et les seconds comme des monstres ricanants, si vous considérez le montage comme secondaire et vous en foutez de ne rien comprendre ni à l'espace ni aux béances de la mise en scène, si les écrans verts pourrax rentrent dans votre conception artistique du cinéma, si vous êtes un nostalgique de Terminator et aimez les méchants invincibles même après 3 grenades, un lance-flammes et 6 bastos dans leur sale tronche, si vous êtes un nostalgique des Douze Salopards et êtes attachés à ces bons vieux films de soldats entre eux, vous aimerez Overlord.

Pour moi, qui m'étais mis en mode végétative pour un soir, je me suis même marré sans honte devant les excès débiles de cette trame qui voit un groupe de soldats américains en mission pour faire sauter un poste de transmission nazi, et qui se retrouve embringué dans une sombre affaire de manipulation génétique et de formule d'immortalité. C'est complètement con, c'est même assez ennuyeux dans tout le premier tiers, mais ça fonctionne assez bien dès que le fantastique et l'horreur viennent s'infiltrer dans le film de guerre poussif. Parce que Avery a un vrai sens du gore et nous fait voir des trucs assez peu ragoûtants, ce qui change dans ce cinéma américain pour ados si frileux la plupart du temps ; parce que l'atmosphère de ce village français, fantasmé façon Hollywood par un gars qui de toute évidence n'y a jamais mis les pieds, est du coup assez marrante dans ses clichés (lumière chaleureuse, petit clocher paisible, personnages issus de La Guerre des boutons, et ces fameuses petites Françaises peu farouches) ; parce que le rythme, une fois le débarquement passé (n'est pas Spielberg qui veut) est plutôt tonique ; et parce que Avery n'a qu'une idée en tête, nous amuser, et le fait avec une belle santé et sans scrupule. J'ai bien conscience que je suis en train de dire du bien d'un film balancé comme une pute hyper maquillée, mais je répète : si vous êtes bien luné, si vous êtes apte etc...