LIVRE : Un Enfant de Dieu de Cormac McCarthy - 1974
Il n’est forcément pas toujours évident de s’attacher aux pas d’un personnage principal nécrophile, violeur, assassin, pédophile, voleur… Cet enfant de Dieu que nous expose McCarthy a tout d’un homme sauvage - il vit en pleine forêt, c’est la thématique du week-end - possède des instincts violents, primaires. Après une première partie où l’auteur, en quelques vignettes, conte diverses mésaventures de cet homme des bois, la seconde et la troisième partie paraissent moins fragmentées : on suit « dans la continuité » les exactions de cet être diabolique qui va forcément finir par se faire alpaguer. Mais l’homme connaît chaque recoin de la forêt, ses rivières, ses grottes et il va finir par échapper aux hommes de loi en se fondant littéralement dans son élément… Le gars McCarthy décrit frontalement ces actes atroces, morbides, glauques, alors qu’il y a toujours un certain lyrisme à décrire en détails cette nature ensorcelante qui recèle d’énigmes, de recoins sombres. Un court ouvrage qui fait parfois froid dans le dos - notre homme sauvage, sans foi ni loi, un peu bonhomme, commettant ses actes sans une once d’humanité - et qui nous plonge, sans avoir l’air d’y toucher, dans la «nature du mal ». Un voyage au fond des ténèbres. Dérangeant, forcément.