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Shangols
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12 septembre 2008

LIVRE : L'Obscurité du dehors (Outer Dark) de Cormac McCarthy - 1968

41RQBKKEPHLBien, j'avais abandonné mon poste quelques jours (Gols a parfaitement tenu la baraque),  mais me revoilà au taquet, rouge comme un homard, après quelques jours passés à l'extrême sud de la Chine - en face, il y a que la mer. Introduction pleine de soleil pour évoquer cette oeuvre, décidément très noire, de McCarthy. On est cette fois-ci en pleine cambrousse, au pied des Appalaches, avec la terrible histoire d'une jeune femme qui accouche en solo dans une cabane et dont la progéniture est immédiatement subtilisée par son frère - qui l'a mise enceinte... Un colporteur, qui passait dans le coin, récupère le nouveau-né abandonné dans un buisson et s'en suit un périple impossible de la mère pour remettre la main sur son enfant. Le découpage et la structure du bouquin font étonnamment penser à celui de No Country for old Men avec cette femme qui traîne de ferme en ferme, son frère qui est parti à ses trousses et une bande de malfrats qui sème la terreur et la mort partout où elle passe. Des histoires en parallèle, des lieux visités à tour de rôles et des cadavres qui s'amoncellent. On est dans l'Amérique profonde, mais alors là vraiment profonde, où les bandits sont rois au royaume des illettrés. McCarthy pond des phrases sur la nature où on cherche parfois le point final, comme si ses personnages s'étaient enchevêtrés dans cette nature sauvage. C'est noir, ça sent la mort au coin de chaque bois, pour preuve ce petit passage qui donne parfaitement le ton du roman : "Les gens durs font les temps durs. J'en ai tant vu de la méchanceté des hommes que j'me demande pourquoi le bon Dieu a pas éteint le soleil et a pas fichu le camp". A mesure que le récit avance, on craint le pire pour cette jeune femme naïve et le dénouement est une véritable plongée dans l'horreur. Il y a vers la fin du livre, un épisode qui met en scène un troupeau de cochons, qui est une véritable vision apocalyptique de notre pauvre humanité - ou des lambeaux qui en restent dans ce coin du monde : "Maintenant le troupeau tout entier s'était mis à tournoyer de plus en plus vite en cercles de plus en plus larges le long de la falaise et dans leur mouvement centrifuge les rangs les plus proches du bord passèrent par-dessus l'escarpement, une file après l'autre en gémissant et en couinant tandis que s'élevaient au-dessus de ce vacarme les hurlements et les jurons des gardiens maintenant dressés pareils à des créatures sataniques au milieu du chaos de chair dont ils avaient la charge, enveloppés qu'ils étaient de nuages de poussière avec leurs bâtons brandis et leurs yeux farouches, non point comme d'authentiques porchers mais plutôt comme des disciples des ténèbres envoyés là parmi leurs ouailles pour les conduire à leur fin." Vous pouvez reprendre votre souffle. C'est pas ce que j'ai lu de plus gai, mais il faut reconnaître le don de McCarthy à nous immerger totalement dans ce monde des ténèbres. Un soleil noir de la littérature américaine. 

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