The Grand Budapest Hotel (2014) de Wes Anderson
C'est sans aucun préjugé (ou alors un soupçon, inconsciemment surement... dur à dire) que je me lançais dans la vision de ce dernier film d'Anderson (pas vu le précédent) pour éviter avant tout le supplice du pal à l'ami Gols qui, actuellement, se repose. J'ai du mal à dire à quel point cette oeuvre, et ce malgré le déni et les cris de nos chers commentateurs, m'a paru plate. Plate oui, un peu comme du cinéma en 1D (c'est possible pusique Wes l'a fait) ou comme une planche de BD parfois animée. Tout ce que j'avais du mal auparavant à aimer chez Anderson atteint ici son apogée : des personnages costumés comme au théâtre ce soir (allez tiens, un soupçon de moustache pour faire plus kitsch), des vignettes animées bénéficiant d'un humour à froid qui me laisse congelé, une histoire de course-poursuite (ah ah ah le burlesque) plus abracadabrante qu'un tonneau de ma grand-mère dans les escaliers (ce n'est donc pas drôle), un sens du pastiche à gros trait qui cache un manque terrible de fond (les ZZ n'ont aucune finesse, sont de purs méchants et on va donc leur casser la gueule... ou pas), un petit théâtre de boulevard dans des décors en carton pâte rose qui s'avère affreusement indigeste. Dès le premier quart d'heure, j'ai commencé à serrer des fesses et à insulter mentalement mon fidèle compagnon éloigné Gols : enfoiré, tu as du le voir, ce premier quart d'heure, et tu t'es barré de la salle pour échapper à ta chronique ; tu devras te taper comme punition l'intégrale de Bille August en version longue et celle d'Angelopoulos avec les bonus (compter 30 ans en continu sans dormir : ce fut l'une des tortures les plus terrible de Guantanamo, fermons la parenthèse).
J'ai beau tenter de faire contre mauvaise fortune bon coeur, je ne vois pas ce que je sauverais de ce Tintin à Zubrowka (une insulte à la vodka presque homonyme, beaucoup plus couillue, elle). Le personnage "hate and hate" de Willem Dafoe ? Mais cela fait tellement de fois qu'on le voie avec un dentier déformant qu'il finit par ne plus guère nous surprendre... Les jurons balancés soudainement par Ralph Fiennes alors que le ptit pépère se veut un modèle d'élégance ? Un rire facile et gras comme au détour d'une blague de Bigard - oui, j'avoue, coup bas. La poursuite qui n'en finit plus dans la neige ? Tex Avery est tellement supérieur, quand même, au niveau du délire. La présence d'Amalric dans un rôle torve (again), de Léa Seydoux en soubrette (elle ne montre même pas ses seins, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?) ? Bah, je ne voudrais pas détruire ce Grand Hotel pour le plaisir (un Grand Hotel qui risque encore de se retrouver dans d'innombrables top 10 paresseux) mais disons que le prochain Anderson ce n'est ni moi, ni Gols qui s'y frotte. C'est dit. Ecran plat...