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9 novembre 2014

LIVRE : Un Oiseau blanc dans le blizzard (White Bird in a blizzard) de Laura Kasischke - 1998

oiseauEncore un immense livre de la part de Laura Kasischke, qu'est-ce que vous voulez je l'adore. On est en territoire connu avec ce roman (qui nous arrive maintenant, mais qui est en fait son deuxième) : c'est, comme toujours, le récit intime d'une adolescente qui grandit mal, et par la bande un portrait des horreurs de notre monde en déréliction, genre. Cette fois, la gonzesse s'appelle Kat, et a quand même une spécificité : sa mère a disparu du jour au lendemain, sans rien emporter, elle s'est volatilisée sans que personne ne parvienne à expliquer ce mystère. On va suivre les quatre années qui suivent cette disparition, vues donc par le biais de cette ado, ses métamorphoses physiques, ses amours, ses hormones qui se réveillent, ses rendez-vous chez la psy, ses rêves récurrents, etc. Toute l'évolution de Kat se fait littéralement à l'ombre de cette mère absente, la morbidité et le froid envahissant peu à peu sa vie jusqu'à la résolution finale. C'est en effet la mort et le blanc de la neige qui dominent ce portrait intime : Kasischke est vraiment la meilleure pour nous faire systématiquement côtoyer l'abîme tout en restant dans un quotidien banal, un peu comme a su le faire (peut-être un peu plus subtilement, je reconnais) Raymond Carver. Le mal, la putréfaction, la mort, le gel, la nuit, sont en bordure de chacun des épisodes du roman, dans une profusion de motifs affreux. En surface, Kat est une ado presque banale, et le roman ne fera pas dans l'évènement spectaculaire ; mais dans le fond, c'est terrifiant, et assez vertigineux. La vision de la vie selon Kasischke n'est certes guère florissante, et les thèmes qui pourraient paraître les plus positifs (sexualité, amitié, maternité, émancipation) sont traités dans la violence et le désespoir. Mais l'écriture est la plus forte qui soit. Un Oiseau blanc dans le blizzard (titre très naze) est peut-être le plus noir des bouquins de Kasischke, et est certainement un des deux ou trois plus beaux.  (Gols - 30/08/12)


un-oiseau-blanc-dans-le-blizzardOui, c'est vrai que ce n'est pas le roman le plus gai qui soit même si je n'ai pas autant été "happé" que cela, par rapport à mon comparse, par la noirceur de la chose. Certes, les parents de Kat sont tristes (sa mère, avant de partir, n'a jamais été tendre avec elle, son père a toujours été terne... comme absent), son petit ami est aussi passionné et passionnant que de la guimauve (après quelques mois de feu, ils ne baisent plus, ne s'embrassent même plus), ses deux copines ont une vie aussi trépidante qu'une machine à laver (l'obèse que personne ne regarde, la pom-pom girl qui tourne à vide), sa psy n'est pas olé-olé et son amant (un inspecteur poilu au nom imprononçable) est aussi romantique qu'un robot-mixeur. Certes. Mais la chtite Kat tente malgré tout de trouver sa voie, de ne pas déprimer, d'oublier autant que faire ce peut ses cauchemars pour continuer de vivre le plus simplement du monde... avec ses doutes, ses questionnements, ses incertitudes. Le système narratif de Kasischke est relativement élaboré (ses courts paragraphes qui se suivent, reprenant souvent la même scène mais en creusant un peu plus profondément le sillon), ce jeu constant entre présent, images du passé et rêves, ses comparaisons/métaphores ultra-orignales qui sortent de nulle part et qui sonnent toujours juste (l'image de cet ouvrier qui passe son temps à mettre des messages optimistes dans de petits gâteaux chinois... On ne voit pas trop le rapport au départ avec ce qui est dit précédemment puis tout d'un coup le parallèle devient lumineux) et la chose se lit comme un bonbon acidulé qui fonderait tout seul en bouche et laisserait un goût amer de tragédie lorsque l'on découvre, froidement, les dernières pages... Le mystère est révélé mais celui du sombre coeur des hommes reste entier. Allez, à nous deux Araki ! (Shang - 09/11/14)

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