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4 février 2012

LIVRE : En un Monde parfait (In a perfect World) de Laura Kasischke - 2009

monde parfaitKasischke est capable du meilleur comme du... un peu moins bon, et là, malheureusement, elle est dans le presque pire. Il faut dire que la plupart de ses livres tiennent à pas grand-chose, une façon de tenir l'équilibre, de manier la finesse pour déclencher une curieuse et inquiétante étrangeté. Rien de mal, donc, à se planter parfois quand on travaille ainsi dans la dentelle. Avec En un Monde parfait, elle a peut-être abordé un sujet qui ne lui convient pas : les soucis domestiques d'une hôtesse de l'air mariée trop vite à un fatal pilote de ligne, et qui se retrouve esseulée aux prises avec les trois enfants de celui-ci : rapports houleux, mélancolie, solitude, jusqu'à un soupçon d'escroquerie sentimentale qui prendra de plus en plus grandes proportions. Le tout, et c'est là l'originalité, se déroulant sur fond de fin du monde, puisqu'un virus est en train de dévaster la planète et gagne de plus en plus de terrain. La piste apocalyptique semblait être la bonne, et aurait pu permettre à Kasischke de trouver "l'angoisse feutrée" qu'elle cherche visiblement : elle est très bonne pour décrire l'étrange vol des oiseaux dans le ciel, l'invasion des rats dans la ville ou l'atmosphère qui règne lors des coupures de courant. Les personnages secondaires sont particulièrement bien dressés pour être juste assez barrés pour être effrayants, mais juste assez normaux pour qu'on n'y trouve rien à redire. Bref, on aurait aimé que la dame s'en tienne à cette variation sur la fin du monde vue par le tout petit bout de la lorgnette d'une femme isolée dans la campagne profonde.

Mais bêtement, Kasischke passe à côté de ce joli sujet, et préfère nous servir du réchauffé en matière psychologique, en restant dans les tout petits soucis domestiques de son héroïne. Les rapports avec les filles de son mari sont racontés par le menu, dans un catalogue fatiguant qu'on pourrait trouver dans les pages psycho des revues féminines. Plutôt que de raconter la fin du monde, elle raconte les déboires de roman-photo d'une hôtesse de l'air, et on s'en cogne un peu, les deux sujets ne parvenant jamais à se rejoindre pour en faire un. Du coup, désintéressé par la trame, on regarde l'écriture, et on s'aperçoit que, pour cette fois, le roman est fait de ficelles que Kasischke tire jusqu'à l'usure. On voit comment c'est fait, on sent la fabrication à la machine là où on aimerait la broderie dont la dame est capable, et du coup on doute un peu de la sincérité de Kasischke sur ce bouquin-là. Le syndrome Stephen King n'est pas loin : on ne peut pas toujours utiliser les mêmes recettes sans que ça se voit un jour ou l'autre.

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