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15 octobre 2010

La première Légion (The First Legion) (1951) de Douglas Sirk

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Un simple hasard ou le choix "inconscient" de voir à la suite ces deux films (The First Legion et La Parole donnée de Duarte) serait-il des plus révélateurs de mon état d'esprit du moment (keep the faith, babe!...)? Quoi qu'il en soit (..), il y aurait moyen de faire des parallèles entre ces deux oeuvres situées dans un contexte religieux où le fait de rester fidèle à ses principes, ou disons tout bonnement de garder la foi, demeure central. Réalisé la même année que Thunder on the Hill qui se passait essentiellement dans un couvent, ce film de Sirk se déroule au sein d'une Compagnie de Jésuites située dans un petite ville ricaine. Il y est question de miracle plus ou moins "frauduleux" (mot que je glisse pour l'ami Bas*ien qui l'affectionne), de sincérité, de loyauté par rapport à sa personnalité et, donc aussi, tout simplement de foi. Faire éclore la vérité coûte que coûte pour ne pas faire naître de faux espoirs illusoires, c'est déjà une chose ; mais rester fidèle à ses convictions (la vraie foi pouvant véritablement soulever des montagnes), c'est peut-être là que repose l'essentiel. Sirk, producteur du projet, est dans ses petits souliers pour filmer avec l'art qu'on lui connaît (sens irréprochable du cadre et de la profondeur de champ, utilisation toujours signifiante des contre plongées (pour filmer une discussion), des plongées (pour filmer une assemblée)) ce récit où impossible n'est pas sirkien.

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Depuis que j'ai vu et revu Madame de..., je suis devenu un fan inconditionnel du gars Charles Boyer. Il endosse ici les habits d'un jésuite avec à la fois une étonnante décontraction et moult conviction, et porte indéniablement ce film sur ses larges épaules. Faisons fi de l'affiche italienne du film (que je mets tout de même ci-contre) qui nous met totalement sur une fausse piste : il ne sera jamais question d'une banale histoire d'amour entre un religieux en proie au doute et une femme fatale mais, 2003090318121310bien au contraire, d'un homme droit dans ses bottes qui ne va jamais dévier d'un iota dans ses convictions. Le point de départ du récit est donc le rétablissement soudain d'un vieux Jésuite, immobilisé depuis trois ans et à l'agonie. Non seulement le gars retrouve soudainement ses esprits mais en plus, diable, il marche ! On ne tarde pas à parler de miracle (un peu comme si Sarko devenait soudainement muet), seulement le gars Charles Boyer demeure, lui, on ne peut plus suspicieux. L'agonisant étant resté seul, un temps, avec le docteur Morrel (convaincant Lyle Bettger), Charles pense que ce dernier n'est pas totalement blanc comme neige sur le coup... et si, au lieu de parler de miracle (l'homme était-il vraiment incurable ?), il ne s'agissait point, tout bonnement, d'un homme, certain auparavant d'être condamné, qui se serait remis "à y croire". Le miracle fait goutte d'huile, les désespérés en tout genre affluent, et même l'une des meilleures jeunes amies du docteur (Barabara Rush, rayonnante), paralysée à vie, se raccroche à cet incroyable événement. Notre docteur se sent un peu bêta (bon, y'a des miracles possibles et d'autres impossibles, tu vois... attends, je t'explique...) et le Charles de le pousser dans ses derniers retranchements pour qu'il fasse taire cette fausse rumeur. L'homme viendra se confesser presque "par hasard" à l'homme de religion (le docteur cherche Charles qu'il trouve au confessionnal - grande idée de "mise en scène", aucun doute), une discussion le remettant, personnellement, sur la voie de la vérité qui aura de multiples incidences... Positives ou négatives, devinez, juste un élément de réponse qui s'affiche en bas de votre écran : on est bien chez Sirk.

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On en oublierait souvent la justesse dans le montage et le cadrage de chaque séquence, tant chaque personnage, jusqu'aux seconds et troisièmes rôles (ce truculent monseigneur avec son chien, ce recteur droit comme "i", ce jeune Père en proie aux doutes, ces deux pères conservateurs un poil félons, ...), est totalement crédible et happe l'attention. Charles Boyer, lui même, tour à tour mâchoire serrée, sûr de lui, et soudainement relativement débonnaire, livre une composition assez inattendue - loin du latin lover justement, qui force le respect. On aura droit à notre lot de tragédie mais également de grâce, autant de séquences durant lesquelles la petite patte magique du grand Sirk nous embobine littéralement. Ainsi soit-il. 

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