Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
2 mai 2010

Le mystérieux Docteur Korvo (Whirlpool) (1949) d'Otto Preminger

whirlpool

On retrouve le scénariste de Spellbound, Ben Hecht, pour une intrigue psychanalytique méchamment tirée par les cheveux, mais c'est malgré tout avec un immense plaisir qu'on assiste à cette oeuvre, et également au retour de Gene Tierney chez Preminger (belle idée d'ailleurs que ce face à face entre Gene Tierney et le tableau lors du meurtre : difficile de ne pas penser automatiquement à Laura...). Malgré deux trois couleuvres scénaristiques difficiles à avaler, le film parvient à faire monter le suspense jusqu'au bout, et même si le final déçoit, on s'est suffisamment attaché, en route, au triangle d'acteurs pour ne pas se sentir complétement lésé. Preminger concocte un petit noir et blanc dont il le secret, utilise les gros plans avec art pour nous permettre d'être au plus près des pensées qui s'agitent dans le crâne des personnages, et parvient à nous captiver en évoquant simplement les rapports entre une malade et un docteur manipulateur : on plonge dans cette atmosphère claustrophobique les yeux fermés, prêt à cauchemarder avec Gene Tierney...

2_Otto_Preminger_Whirlpool__1949__DVD_Review_PDVD_000

Ann, Gene Tierney, est mariée à l'un des plus grands psychologues du canton (Richard Conte). Cela n'empêche point notre petite Gene de souffrir de deux maux terribles: la kleptomanie et l'insomnie. N'osant interférer avec les préoccupations de son mari super occupé, elle pense avoir trouvé en la personne du mystérieux Docteur Korvo (José Ferrer, rien que son regard me fout la trouille) le remède à tous ses problèmes. Cet hypnotiseur, contre lequel on la met tout de même en garde, semble avoir un don pour apporter calme et sérénité à notre Gene. Son emprise sur elle paraît tout de même aller un peu loin, puisque notre pauvre Gene, sous hypnose, se retrouve dans une maison où un meurtre vient d'être commis... Les policiers arrivent sur ces faits et notre Gene de se retrouver au cachot sans vraiment savoir de quoi il retourne. On a beau crier aux flics que c'est franchement une injustice d'emprisonner un si beau regard, ils restent sourds comme une feuille de tôle. Rahhh...

4_Otto_Preminger_Whirlpool__1949__DVD_Review_PDVD_000

Ben Hecht n'y va pas avec le dos de la cuiller au niveau des situations les plus improbables : un psy qui ne connaît et ne déchiffre sa femme pas plus qu'un texte en hébreux (l'amour est aveugle mais tout de même), une femme qui parvient à conduire sous hypnose (le téléphone et le pétard c'est dangereux, mais là on dépasse les bornes...), ou qui préfère être accusée de meurtre plutôt que de vol (!) ou encore un type qui parvient à s'auto-hypnotiser dans un miroir (on ne dit pas si son reflet est le premier à dormir)... Malgré tout, eh oui, l'Otto parvient subtilement à nous prendre la main dans cette histoire à dormir debout et nous sert quelques situations terriblement excitantes et tendues : le chaud et le froid qui alternent dans les relations entre entre Gene et Korvo (excellente séquence à l'hôtel avec les Martini : la main baladeuse et vicieuse comme un serpent du docteur qui avance vers sa proie, et la chtite Gene qui résiste farouchement à ces avances avant de redevenir docile, sachant le bien qu'il peut lui apporter...), la scène glaçante, après le meurtre, entre Korvo alité et le mari de Gene (les allusions de Korvo à ses relations avec la femme du psy et le visage de ce dernier qui se ferme alors qu'il a envie de tronçonner Korvo), la séquence terrible entre Gene et son mari lorsque ce dernier l'envoie paître comme un trombone accusant celle-ci non seulement de mentir mais aussi de l'avoir trompé... Notre pauvre Gene passe son temps à avoir la larme à l'oeil (ce qu'elle fait super bien) sans jamais craquer, mais son désarroi finit par être tel qu'on se demande si elle ne va pas finir par faire une crise de folie en direct sur le plateau - cela se fera plus tard, off... On est plein d'empathie pour notre chtite Gene qui souffre d'une pathologie qu'elle traîne depuis son enfance (jolie, quand même, l'idée du transfert paternel sur le mari), et on se demande bien comment elle va pouvoir se sortir de ce sac de noeuds... Preminger ne se foule pas trop dans la dernière ligne droite, mais malgré ces multiples petits défauts (un scénario à l'image d'un gruyère), le film parvient miraculeusement à nous tenir en haleine. Tout le savoir-faire et la finesse de l'Otto dans une assiette - noire.   

6_Otto_Preminger_Whirlpool__1949__DVD_Review_PDVD_000

Commentaires
Derniers commentaires