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25 octobre 2009

Les Deux Cavaliers (Two Rode Together) de John Ford - 1961

vlcsnap_2009_10_25_11h02m38s12Ford n'arrête pas de nous brinquebaler dans le flou politique le plus total. Après la droite dure de The Quiet Man, le voici, avec Two Rode Together, dans un discours démocratique et social complètement à gauche. Sous ses airs de film de mecs à poils durs, ce western véhicule un message tout à fait noble sur l'assimilation et le mélange des cultures. Même s'il se conclut sur un amer constat d'échec, Ford aura essayé, le temps d'un film, d'imaginer un monde uni, et c'est très agréable à regarder. Ce film prolonge avec puissance les vélléités humanistes de The Searchers : dans ce dernier, un cow-boy était envoyé pour ramener une Indienne dans la communauté blanche ; dans Two Rode Together, c'est carrément dans une opération de sauvetage de groupe que James Stewart et Richard Widmark sont embarqués. L'objectif : pénétrer le territoire comanche pour monnayer des otages blancs enlevés des années plus tôt à un village ricain, et rendre ces derniers à leurs famille. Avec bien sûr ce que ça comporte de déracinement et d'assimilation difficile.

 

vlcsnap_2009_10_25_09h48m48s20Après une première heure plutôt axée sur la comédie, grâce à un délicieux duo entre les deux stars, on sombre petit à petit dans une noirceur assez brutale, le discours dominant étant : on ne peut pas revenir dans une culture qu'on a perdue. Voilà qui étonne de la part d'un cinéaste si obsédé par la Culture Américaine, l'amour du territoire, la passion des racines. Les jeunes sauvages qui reviennent dans cette petite communauté blanche sont inadaptés, incontrôlables, d'autant que Ford met également en lumière le racisme larvé de ses congénères, emplis d'a-priori sur les Indiens. La scène de bal, où tous se détournent de la jeune Comanche (Linda Cristal), ou celle où un punk indien hurle dans sa prison face aux autochtones qui le contemplent comme au zoo, en disent assez sur le dégoût de Ford face à la "civilisation" américaine, incapable d'accepter la différence sous ses airs démocratiques.

 

vlcsnap_2009_10_25_12h53m50s173Malheureusement, le film est souvent très décousu, mal équilibré, pas assez profond sur ce sujet pourtant intéressant. La partie "aventures" de la chose (les deux cow-boys balancés dans le terrain hostile des Indiens) ne dure que quelques minutes, alors qu'on nous la fait attendre depuis une heure. Ford préfère se livrer à de longues scènes d'exposition un peu inutiles (les soucis de Stewart avec la hiérarchie militaire), à des dialogues en champ/contre-champ classiques, ou à un portrait désabusé de la communauté. On y perd en action, ce qui est dommage : quand Ford s'attaque enfin à la violence, c'est remarquable (une scène de lynchage millimétrée dans son montage). Malgré cela, les acteurs suffisent à notre bonheur, Stewart en tête, curieusement dirigé vers le burlesque (ses vêtements trop courts) : il est très drôle, et son personnage suffisament intéressant pour qu'on ne demande rien d'autre. Widmark endosse la partie virile de la chose avec beaucoup d'élégance également. Two Rode Together manque de sève, mais reste d'une bonne facture classique : un beau travail d'artisan aux coutures un peu relâchées.

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