Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 février 2009

LIVRE : L'Autofictif d'Eric Chevillard - 2009

untitledVoilà des années que Shangols, avec sa colonne de droite, vous propose d'aller faire un tour sur le blog d'Eric Chevillard (cliquez ici, sinon), mais vous pouvez aussi aller faire un tour en librairie : ce livre est la version papier du blog absolument immanquable du bon gars, et présente l'intérêt de vous faire lire ses petites pensées sur un autre rythme. A raison de trois aphorismes par jour, Chevillard fit donc montre de son imagination proprement é-pous-tou-flante et de son écriture toujours affutée. C'est bien simple : on voudrait citer les 250 pages de ce bouquin, tant chacune de ses phrases est merveilleusement amenée, écrite au millimètre, et surtout, surtout, hilarante. Qu'il s'attaque frontalement à quelques-uns de ses fâcheux collègues en littérature (d'accord, c'est facile de tirer sur les ambulances, il n'empêche qu'on jubile devant la finesse des skuds qu'il balance à Alexandre Jardin ou à Christine Angot), qu'il dresse tendrement un portrait de sa fille Agathe découvrant la vie depuis sa poussette, qu'il use d'un langage hyper précieux pour traiter des sujets les plus triviaux, Chevillard est toujours débordant d'humour et d'intelligence, toujours imparable dans son sens de la formule, et c'est sidérant de voir qu'il arrive à produire trois phrases de cette envergure chaque matin.

Là où il excelle le plus, à l'image de ses romans dont j'ai attaqué l'odyssée, c'est dans le bestiaire. Dans la tradition de Vialatte, mais avec un petit brin de folie en plus, il met le doigt sur chaque particularité de la bestiole et sait en tirer immédiatement une absurdité ("N'essaye pas d'ouvrir le sac qui contient le phoque : c'est le phoque" : énorme). D'où vient ce regard si original sur chaque petite chose de la vie ? Mystère. Malgré l'inconsistance assumée de ce livre, c'est un exemple de style maîtrisé, de ton unique, de sens du rythme, et c'est fasciné qu'on longe ce journal de bord franchement barré.

Allez, pour le plaisir : "Je donnerais mes deux mains pour savoir jouer du piano" ; et puis: "Au nombre des raisons pour lesquelles il rencontre de moins en moins de gorilles, il cite en troisième position son récent départ des hautes forêts du Rwanda pour le centre-ville de Stockholm". J'arrête, lisez le reste, c'est tout de ce niveau-là.

Commentaires
Derniers commentaires