LIVRE : Rapport sur Moi de Grégoire Bouillier - 2002

Grégoire Bouillier a tout juste là où Weyergans a tout faux. Parce qu'au final, ils parlent de la même chose : des femmes, de leurs parents, d'eux-mêmes (ou de leur auto-fiction, mais bon), de leur problèmes, de leurs doutes, de leurs joies... Mais quand Weyergans tombe dans l'épanchement et le style bâclé, bourrant son texte de références pour donner du corps à son texte, Bouillier trouve la bonne distance, le ton juste, la simplicité et l'efficacité de ses phrases étant à l'image de la pudeur de son rapport... sur lui-même.

La beauté de ces petits paragraphes très finement ciselés y est pour beaucoup... Chaque paragraphe donne l'impression d'être un petit caillou qui permettrait de retrouver la trace, de prouver l'existence du narrateur  (là où la logorrhée du père François sentait plutôt la gerbe... mais fi du W.). Sublime chapitre que cette lecture de l'Ulysse d'Homère qui redonne courage et foi à l'auteur, auquel il puise de façon très personnelle une énergie salvatrice. De même, tous les liens et les petites coïncidences qu'il ose émettre pour tenter de mettre... "en rapport" les différents événements de sa vie: quel lien peut-il exister entre les staphylocoques dorés et sa première idylle, entre le professeur Tournesol et son père? C'est avec une grande subtilité -comme un négatif de Lelouch en fait- qu'il parvient à nous faire croire à ses explications plus ou moins fantasques.

Un viva pour les Editions Allia.