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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 décembre 2023

Bottoms (2023) de Emma Seligman

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On écume les top 10 ou top 20 de fin d'année pour trouver éventuellement la petite perle qui aurait pu nous échapper (je viens enfin de mettre la main sur Fermer les yeux, je suis confiant... mais sait-on jamais...)... On découvre donc dans Libé, en troisième position, ce Bottoms dont on avait point entendu parler... N'était-ce pas plus mal ? Bon, dès le départ, on sent bien toute la portée "symbolique" d'un tel projet et d'une telle reconnaissance : des femmes aux manettes pour réaliser une œuvre (un peu trash) sur deux lesbiennes sans complexe : elles sont un peu moches (de leur propre aveu), sans grand talent, et vierges : leur objectif avant de partir à la fac, un dépucelage en bonne et due forme par l'une de leurs camarades (bonnasses si possible) - ou autres... Pour ce faire, nos deux fillettes qui n'ont pas froid aux yeux et qui parlent de leur période comme moi de mes bocaux d'olives (je vous ai pas dit ? je suis dans le sud, hein, donc, j'ai décidé de faire mes propres olives cette année... Non je me fais pas trop chier sinon, pourquoi ?) décident de créer un club de self défense pour gonzesses. La participation est un peu timide au départ mais elles ne tardent pas à attirer, leur nouvelle popularité aidant, les filles les plus attirantes du bahut - et les occases de se bousculer au portillon ; encore faudrait-il garder la tête froide et ne pas renier celles-là mêmes qui les ont aidées... Bon, franchement, l'histoire, on s'en tape un peu, tout comme de l'issue finale d'ailleurs (une baston mortelle "filles contre un club ennemi de foot américain mâle" qui tourne littéralement à la tuerie)... Non, on est, dirais-je, dans un film de ton (de l'humour bien gras, décomplexé et familier (qui flirte avec le vulgaire ? euh oui) ; du gag "au second plan" qui rappelle certains petits comiques au sens cinématographique développé - le type en cage dans la classe dont on découvrira l'identité sur le tard, si, c'est drôle) et d'affirmation de soi : nos deux jeunes femmes parlent comme des charretiers, sont capables de la même violence (verbale ET physique) que des bonhommes, et sont bien décidées à aller jusqu'au bout du bout de leur projet de folles furieuses... On est en mode bullddozer qui aurait fait sûrement s'étrangler ma grand-mère sans même l'aide d'une de mes olives. Les femmes se prennent en main, s'assument, et tant pis parfois s'il faut être aussi bourrines que des hommes pour montrer ce dont on est capable - tout cela avec un certain sens de l'autodérision, un zeste de cul et un poil de provocation facile... On est pas si loin d'une pente à la Despentes dans cet excès d'estrogènes et de progestérone : même si le ton est potache, pas de doute qu'on a là une oeuvre qui traite frontalement de son sujet sans chercher à faire dans la dentelle - on veut bien admettre que ce soit libérateur, que certaines blagues de mauvais goût son autant de clins d’œil à l'univers masculin larvé mais cela, franchement, ne va guère au-delà de ça (rien que le jeu excessif de certaines actrices (entre caricature et art dramatique très limité...) nous arrache plus de grimaces de peine que de sourire compatissant). Une œuvre de son temps, pleinement émancipée ? Mouarf, on veut bien reconnaître un ou deux rires lâchés devant certaines audaces border line mais l'ensemble est quand même bien loin de nous avoir laissé sur le cul... Mais bon, une tentative de démarcation, c'est louable et osé, du journal rouge.  (Shang - 20/12/23)

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Pas mieux. Mis à part pour son allusion à Despentes (qui me semble être un poil plus intelligente que ça), Shang m'enlève les mots de la bouche : voilà un film efficace et rentre-dedans parfaitement défoulant si vous avez décidé d'en découdre avec les garçons. Loin de ces féministes qui essayent d'apporter de la nuance à leur combat, Seligman met les deux pieds dans le plat et y va façon kick-boxing pour mettre à bas le jeune mâle à testostérone, et pour dresser un piédestal aux "moches" aux "bancales", aux " exclues du grand marché à la bonne meuf" (Despentes, justement). Son petit groupe tout boiteux de filles qui s’organisent en groupuscule de self-defense est très attachant, parce qu'elles sont marrantes et sexuées, et aussi parce que les mecs qui leur font face sont des caricatures de névroses égotistes et fières d'elles-même. Le fait que tout soit filmé comme un film de collégiens ajoute à la subversion du bazar : le public visé a dû se retrouver avec un bon mal de sein devant ce truc qui prône une sororité saine et premier degré plutôt qu'un abonnement chez la manucure ou le médecin de chirurgie plastique. Insolent et too much, sincère et très premier degré, le film arrive dans ses meilleurs moments à asséner pleinement son message ("arrêtez de nous emmerder"). Dans ses moins bons, il fait l’effet d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, en ajoutant parfois une louche de trop dans la satire, en prônant le sur-jeu chez les comédiennes, ou en créant quelques personnages vraiment trop caricaturaux (les profs). Mais dans les dernières bobines, on se surprend à regarder d'un autre œil, sûrement moins concupiscent, ces meufs qui ont su s'organiser pour leur défense, et à gueuler devant la télé pour réclamer une ultime mandale dans le tronche du capitaine de l'équipe de foot. But atteint, donc.  (Gols - 29/12/23)

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