Les Goonies (The Goonies) (1985) de Richard Donner
Il est temps de revenir aux grands chefs-d’œuvre des années 80, ces films produits par Spielberg, cette trame écrite par Spielberg, et livrée budget en main à un fatal tâcheron. Les Goonies, c'est la révolte des petits contre les grands (dans les deux sens du terme, les parents devant se faire expulser d'un quartier (fucking capitalisitic world) et les gamins prenant les choses en main (partant à la recherche d'un éventuel trésor) pour sauver leur monde), c'est le début des quotas malins dans les productions américaines (le gros, le chinetoque, l'asthmatique, la moche), et c'est aussi la confirmation des éternels clichés qui font rire pour pas cher (le gros forcément maladroit et ridicule, le chinetoque forcément hyper-inventif et ridicule, l'asthmatique ultra intrépide (Spielberg transposé ?), la moche frustrée et chiante, la jolie fillette aux cheveux longs guère farouche que tout le monde rêve d'embrasser...). Je pense qu'à partir de là, on peut dire qu'on a traité pour l'essentiel du fond, si ce n'est sans doute qu'il faudrait également évoquer les méchants, forcément moches, couillons et sadiques... Oups j'allais oublier, cerise sur le pommier, l'affreuse bête immonde (un mélange de Quasimodo et d'Hanouna) qui a forcément bon fond : la brute épaisse au grand cœur, eh oui, il ne faut se fier aux apparences ohoh, c'est un peu grossier après toute cette avalanche de stéréotypes balancés précédemment en douce. Et sinon, alors, de l'aventure, de l'action, de la peur, de la joie ? Arf, oui, cela a forcément terriblement vieilli et ces éternels pièges de boules qui roulent et de mécanismes complexes entièrement reliés les uns aux autres par des fils de pêche lassent l'enfant qui dort en nous depuis bien trop longtemps. Une énigme de pirate borgne aussi difficile à résoudre que des mots-fléchés force 2 sur la plage (putain, le sable), une solidarité entre gamins aussi prévisible qu'un été sans pluie, pardon qu'une année sans pluie, des décors de magnifique galion abandonné et bourré d'or aussi passionnant et magique qu'un feu d'artifice dans une cabine téléphonique à Roubaix (depuis quand c'est en vente libre les feux d'artifice ? Il est grand-temps que je revienne en France pour mettre un peu d'ordre à cette gabegie urbaine) et un final (la bonne hispanisante exploitée et moquée qui se révèle ultime source de joie et de bonheur - au secours...) aussi surprenant qu'une défaite française au tennis ou au cyclisme. Même la nouvelle génération risque de trouver ce club des cinq cinématographique vintage aussi pauvre et fumeux que nos lectures vertes de naguère. Goonies - as the wind ?