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7 février 2023

Walk Up (Tab) (2023) de Hong Sang-soo

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Notre homme qui tourne plus vite que son ombre nous ravit une nouvelle fois avec ce portrait d'un cinéaste... en pleins doutes, ou en tout cas, "en transition". Si une fois de plus, les thèmes principaux se dessinent progressivement, au fil des discussions, si on peut observer en cours de route des changements d'avis des individus sur tel ou tel sujet, des évolutions dans leurs affinités personnelles, on remarque surtout cette construction "hongienne par essence" : des ellipses un rien déstabilisantes, à chaque fois, mais qui nous laissent toujours le temps de la réflexion pour "retisser les fils" entre chaque trou plus ou moins long. De quoi est-il question ici sinon ? Ouarf, au départ de pas grand-chose : un homme vient avec sa fille visiter la maison de l'une de ses amies. On comprend qu'il est cinéaste, que sa fille aimerait devenir architecte d'intérieur et nouer des liens avec cette amie dont c'est la spécialité... Hong, appelé au taff, laissera finalement les deux femmes discuter ensemble... On retrouvera notre Hong rendant visite à son amie au même endroit "quelques temps plus tard"... Elle lui présente cette fois-ci la femme qui s'occupe du restaurant situé dans ce même immeuble ; cette dernière, fan absolue du cinéaste, semble lui taper dans l’œil... Grande séquence hongienne centrale avec moult verres bus et des êtres qui s'épanchent... On ne sera guère étonné de retrouver après un nouveau saut de puce dans le temps, le cinéaste et la restauratrice autour de la même table, dans cet immeuble dans lequel le cinéaste semble dorénavant vivre, nos deux personnages partageant bien plus qu'un repas...

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Des présentations qui se font, des relations qui se nouent et se dénouent, des êtres qui évoquent leur vague à l'âme, leur décision, leur éventuel projet... Rien de bien nouveau dans le cinéma de Hong même si les traits de caractère de chacun semblent être dessinés avec de plus en plus d'épure et de subtilité... On comprend notamment que ce cinéaste traverse une crise, par rapport à son métier, par rapport à sa santé, mais que derrière ces "doutes", une révélation n'est pas impossible (et la foi vint au personnage principal...)... Ce sont surtout ces tergiversations du caractère principal, ses changements de position, son "évolution" qui sont ici les plus intelligemment dessinés. Il y a notamment ce superbe plan fixe sur notre homme, couché dans son lit, attendant le retour de sa douce, et cette discussion en off qui se met en route comme si celle-ci venait tout juste de rentrer : des petites tensions apparaissent entre eux puis le ton devient plus apaisé, plus aimant... On comprend que tout cela a eu lieu dans l'esprit de notre homme, comme un fantasme, comme une projection de ses attentes... Seulement, aussitôt derrière, notre homme se lance dans un monologue sur son propre besoin de solitude... Va-t-il pour autant quitter cette femme ? rien n'est moins sûr chez cet homme si calme en surface mais indéniablement assez imprévisible dans ses choix... Des discussions qui semblent comme d'habitude relativement superficielles, qui demeurent en surface, mais qui trahissent peu à peu le caractère, les attentes, les points forts et faibles des personnages principaux (cinq au total, dont certains au rôle assez mineur), en particulier de ce cinéaste "fragile" que seules les femmes (voire Dieu !) peuvent remettre sur les rails - ou l'aider à remonter à pente... Un Hong de très bonne tenue aux portraits (en creux) finement ciselés.

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Tout Hong

Rétrospective Hong à la cinémathèque (du 13 février au 5 mars 2023)

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