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15 septembre 2022

LIVRE : Les Corps solides de Joseph Incardona - 2022

9782363391667,0-8677986La Suisse n'est pas seulement le pays de la propreté, de l'évasion fiscale et du fromage à pâte dure ; c'est aussi le berceau de la mauvaise littérature, si on en juge en tout cas à la seule aune du roman de Joseph Incardona, Les Corps solides (ce qui serait injuste, je voulais juste une phrase d'intro). On aime pourtant dans les premières pages ce petit ton très contemporain, qui ne cherche pas à éblouir à tout prix, modeste et, comme le dit cette détestable expression, "sans ambition" (ras la casquette des romans sans ambition, pour ma part). Incardona veut parler du monde d'aujourd'hui, et le fait avec des outils simples : écriture fluide et dynamique, sujet pas inintéressant, atmosphère crédible. On nous présente donc une mère de famille veuve, ex-championne de surf mais aujourd'hui contrainte à la vie précaire, avec son fils à charge et ses dettes qui s'accumulent. Un accident la prive du camion de poulets frits qui constituait son gagne-pain ; la voilà sans ressources. Sous la pression de son fils, elle va alors s'inscrire à un jeu télévisé bien nullard, mais bien populaire, qui pourra peut-être, si elle piétine sa morale, les autres candidats et ses convictions éthiques, lui rapporter le gros lot. Sous le soleil de la côte Atlantique, sous le regard cynique des dirigeants de chaîne et des responsables politiques, sous le regard aussi de son fiston qui se cherche une identité à lui, notre héroïne devra gagner sa dignité (ou le gros 4x4 mis en jeu) à la sueur de son front.

Les auteurs ados se plaignent parfois de ne pas avoir accès à l'édition adultes. C'est d'autant plus rageant que les éditions adultes publient souvent des trucs destinés aux rayons ados. C'est le cas avec ce roman naïf, au discours simpliste et aux effets faciles. Une fois passé le petit plaisir de la présentation des personnages et du contexte, on plonge dans des pages lourdaudes, qui semblent manier les idées reçues et les clichés littéraires en art majeur. Incardona, c'est comme Didier Barbelivien : on arrive à terminer tout seul toutes ses phrases. Et on arriverait presque également à écrire tout seul son livre entier, tant le discours, d'une rare indigence, est convenu : surfeurs concurrents brutaux avec le pauvre fils, dirigeants bien entendu véreux et cupides, mère battante qui ira jusqu'au bout de sa peine pour gagner, deuil mal digéré, gentil mec qui rode dans les coins : on est dans le petit, tout petit roman bien dans ses pantoufles, qui ne tente rien et ne fait rien bouger ni les neurones, ni le cœur. Voire dans un schématisme enfantin, avec les bons et les gentils soigneusement séparés. De la daube ? je n'ai pas dit ça : il y a une jolie couverture.

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