LIVRE : Trouver Refuge de Christophe Ono-dit-Biot - 2022

Ono-dit-Biot tout comme Gaudé tombe dans la dystopie en cette rentrée littéraire 2022 avec le seul petit désavantage de ne pas créer un monde nouveau et celui d’avoir une écriture toujours aussi plate et banale. Marine Le Pen, pardon, « Papa » a pris le pouvoir en cette année 2027… Quelle surprise et surtout, diable, que de conséquences néfastes pour nos libertés : l’IVG menacée, l’homophobie omniprésente, le retour de la peine de mort et des valeurs qui rappellent un bien triste précédent : famille, travail, patrie… Bref, en avant Guingamps… Notre héros, lui, même, homme cultivé, marié, à une prof de fac cultivée, avec une enfant de 7 ans déjà cultivée, décide après plusieurs petits signes inquiétants (des hommes en noir dans une limousine, c’est jamais une promesse de bonne nouvelle) de se faire la malle en direction du Mont Athos – un endroit où fleurissent des cloîtres orthodoxes, un lieu visité du temps de sa jeunesse où il compte bien se faire oublier avec sa compagne et sa fille et ce même si les femmes sont interdites dans cette enclave protégée. Son problème à notre héros ? Etre un ami d’enfance du fameux « papa » et avoir en sa possession le premier roman du sieur où il se montrait plus ouvert (roooh), en particulier envers le monde arabe, plus homophile qu’homophobe (roooh) et où il eut une histoire d’un soir « compromettante », n’en dites pas plus M. Prescovic… Le héros et sa femme vont devoir se séparer en cours de route et chacun réfléchir de son côté aux liens sentimentaux qui les unissent… Pas joué d’avance dans ce monde de brut où tout se fracasse, même si l’ami Ono est un féru optimiste…

Alors oui, on voit bien que notre auteur tente une nouvelle fois d’apporter un brin d’aventures et de mésaventures dans cette histoire d’amour forte mais un brin déclinante. C’est toujours un peu la même histoire avec cet écrivain, il n’y a que des amours sublimes, que des déceptions sublimes, que des amitiés sublimes, que des petites filles sublimes… Oui, notre gars n’est pas vraiment un fan de la nuance et se fait volontiers romantique à outrance… Pourquoi pas, même si cela devient souvent tellement lisse qu’on sourit plus souvent qu’à son tour devant ces trop beaux sentiments et ces relations sexuelles si magnifiques… On ne se refait pas… Plus gênant, à mes yeux, est cette impression laissée par l’auteur via son personnage principal : serait-il le dernier homme cultivé, le dernier à s’intéresser à l’histoire gréco-romaine, au monde des religions ? Si l’on vit dans une époque décadente où les cons se multiplient à la vitesse des virus, il y a ce sentiment un peu condescendant dans cet auteur qui nous explique tout, nous fait sa petite leçon sur chaque Dieu, comme si on avait la culture de la gamine de 7 ans (qui, elle, lorsqu’elle en aura 8, risque d’avoir déjà lu tout Platon et Proust au rythme où elle est si curieuse et intelligente et… brrrr). On sait bien que les Christophe ont porté le Christ à bout de bras, mais ce n’est pas non plus une raison pour nous prendre de haut… Enfin, quant au suspense qui court le long de ces quatre-cents pages parfois un peu lourdes (je vous conseille le passage sur la dégustation d’un Bounty sorti de sa « gangue » de papier, etc…), on reste plus au niveau d’un petit téléfilm de France 3 que d’un thriller de Ludlum, bon. Un refuge de la taille d’un modeste buron sans prétention ni véritable ambition.